Représentation d'une Valkyrie, divinité de la mythologie nordique - AI generated
Représentation d'une Valkyrie, divinité de la mythologie nordique - AI generated

Les valkyries, figures emblématiques de la mythologie nordique, ont captivé l’imagination depuis des siècles. Ces femmes guerrières, invoquées par les dieux eux-mêmes, façonnaient le destin des héros et des guerriers. Découvrez leurs origines et leur rôles dans les légendes nordiques.

I. Origines et fonctions des Valkyries

Dans les mythes et croyances nordiques, les valkyries sont des divinités secondaires. Elles sont souvent décrites comme des femmes magnifiques, montant fièrement des chevaux (ou sanglier, cygne, dragon ou encore loup, en fonction des textes) dans le ciel. Mais leur beauté n’est pas leur seule qualité remarquable. Les valkyries sont des messagères des dieux, chargées de sélectionner les guerriers les plus braves parmi les défunts pour les emmener au Valhalla, le paradis des guerriers où Odin accueille les âmes des guerriers morts au combat. Ces héros passent leurs journées à s’entraîner et à combattre, se rétablissant chaque soir pour festoyer ensemble. Là, ces divinités apparaissaient alors comme de gracieuses vierges aux longs cheveux blonds coiffés en chignon. Vêtues de larges et amples robes de cérémonie, elles servaient la viande et l’hydromel aux guerriers épuisés. Derrière elles, des lueurs étranges se formaient parfois, connues sous le nom de « lueurs Nordiques », qui ne sont autres que les aurores boréales.

Le terme « Valkyrie » signifie « celle qui choisit les morts », et ceux sélectionnés se battent aux côtés d’Odin lors du Ragnarök.

Il existe 4 autres destinations après la mort selon les légendes nordiques. La déesse Freyja gouverne le Fólkvangr et sélectionne la moitié des morts sur le champ de bataille pour son domaine, tandis que les Valkyries choisissent l’autre moitié pour Odin. Le royaume de Hel, dirigé par la jötunn Hel, accueille principalement ceux qui meurent de vieillesse ou de maladie. Le royaume de Ran est destiné aux noyés, principalement en mer. Le tumulus est la tombe ou le sépulcre d’une personne, perçu comme la demeure finale des morts.

Le Valhalla, signifiant « salle des morts », était peut-être initialement considéré comme un champ de bataille immense, mais il a évolué pour devenir le hall des héros conduits par les Valkyries après leur mort, et servis par elles en tant qu’einherjar, des héros capables de tout affronter. Les Valkyries ne décident pas seulement du sort des guerriers au combat, mais agissent aussi comme guides vers l’au-delà, veillant sur les âmes au Valhalla, et parfois développant des relations avec elles ou avec des mortels.

Freyja est souvent vue comme la plus importante des Valkyries. Elle est représentée comme sélectionnant les morts qu’elle désire pour son propre royaume, semblant presque jouer un rôle des autres Valkyries. Cette divinité peut être perçue comme une sorte de déesse de la mort, voire apparentée aux Nornes, ces divinités germaniques qui façonnent les destins des mortels. Parmi les plus connues des légendes nordiques, on retrouve :

  • Brynhild ou Brünhilde : combattante maudit par le roi des Dieux pour avoir désolbéi. Elle fut condamnée à un sommeil éternel, entourée d’un mur de flammes.
  • Geirskogul (« combat des lances »)
  • Gondul ou Göndul (« baguette magique » ou encore « celle qui était un loup »)
  • Göll (« vacarme », « cri de guerre »): valkyrie qui sert la bière aux einherjar dans la valhöll.
  • Gunn (« bataille »)
  • Hild ou Hildr (qui signifie aussi « bataille »): elle résuscitait la nuit les guerriers morts au combat pendant la journée.
  • Les soeurs Hervor et Hlathguth, toutes deux dépeintes comme les femmes cygnes
  • Mist (« brouillard »)
  • Randgrith
  • Sigrdrifa (« celle qui chasse la victoire »)
  • Sigrun, fille du roi Högni et de Helgi Hundingsbani.
  • Skogul ou Skögul (encore une valkyrie dont le nom signifie « bataille »). Elle servait la bière aux einherjar dans la valhöll.
  • Skuld (ce nom est également le nom d’une des trois Nornes, ce qui prête parfois à confusion dans certains textes). Son nom signifie « faute ».
  • Svava (« celle qui tue »)
  • Thruth

II. Les origines des Valkyries

Les sources des Valkyries incluent l’Edda en prose et l’Edda poétique, qui compilent des contes nordiques anciens. La mythologie nordique a été transmise oralement jusqu’aux alentours de l’an 1000-1100, période de la conversion au christianisme et de l’introduction de l’écriture. Par conséquent, les récits nordiques existants ont été rédigés par des chrétiens ou par des personnes influencées par le christianisme (ce qui peut avoir son importance dans l’interprétation des textes).

À l’origine, les Valkyries pouvaient être des démons de la mort, se nourrissant des corps sur les champs de bataille et emportant les âmes vers un au-delà souterrain (vous comprenez pourquoi leur image a été polie dans les écrits). Le terme anglais Valhalla dérive du norrois Vallholl, où holl signifiait peut-être « rocher » plutôt que « salle », se référant ainsi à un « rocher des morts ». Avec l’évolution du Valhalla en tant que Temple des Héros (version christianisée), les Valkyries se sont également transformées, passant de démons sombres à des figures rayonnantes incarnant la beauté féminine, la force masculine et les compétences martiales.

Il est également suggéré que l’image des Valkyries a changé sous l’influence des femmes-boucliers vikings, des femmes combattantes. La découverte en 2017 de la tombe Bj581 près de Birka, en Suède, interprétée comme celle d’une femme guerrière, bien que contestée, illustre ce point. L’image des Valkyries pourrait aussi être influencée par des héroïnes celtes, comme Morrigan ou des femmes celtes guerrières.

III. L’amalgame avec les Nornes

La valkyrie est comparable à la déesse guerrière celtique Morrigan, capable de se transformer en corbeau, ou à la créature irlandaise Badb, qui prophétise le destin des hommes sur le champ de bataille et prend la forme d’une corneille ou d’un corbeau.

Le corbeau joue un rôle d’informateur pour les valkyries, comme le montre le dialogue entre une valkyrie et un corbeau dans le Poème de Haraldr, composé à la fin du IXe siècle. Apercevant un corbeau au bec ensanglanté et aux griffes couvertes de chair, une valkyrie lui demanda d’où il venait. L’oiseau répondit qu’il avait suivi le roi Haraldr jusqu’à la bataille du Hafrsfjördr où celui-ci vainquit ses ennemis et unifia la Norvège.

La prophétie de la prêtresse se manifeste aussi par la création d’une bannière ornée d’un corbeau. Parfois, les valkyries-prophétesses ensanglantées sont perçues comme des tisserandes, et prédisent le résultat de la bataille à venir. Le tissage est une fonction clé à la fois des valkyries et des nornes. Dans Beowulf, la « trame de la victoire » est créée par une valkyrie. Elle tisse la victoire comme la défaite, car elle maîtrise l’art de la stratégie, capable de terrasser un guerrier par la terreur ou de le libérer de ses entraves. Comme les nornes, les valkyries sont intimement liées au tissage ou au filage du destin des hommes.

IV. La saga de Hervor et du roi Heidrekr

Le roi de Garðaríki, Sigrlami, obtint des nains une épée nommée Tyrfingr, qui avait la particularité de causer la mort à chaque fois qu’elle était dégainée et d’infliger des blessures toujours mortelles. Il l’offrit à Arngrímr, le chef de ses armées, qui la transmit à son fils aîné, Angantýr, l’un de ses douze fils berserkir (ou berserkers).

L’un de ces fils jura d’épouser Ingibjörg, la fille du roi de Suède. Les douze frères affrontèrent Hjálmarr, au service du roi, qui souhaitait également épouser la princesse. Un duel se déroula sur l’île de Sámsey, où dix des compagnons de Hjálmarr furent tués par les berserkers. Örvar-Oddr tua onze des frères, tandis qu’Angantýr et Hjálmarr s’entretuèrent. Les berserkers furent enterrés sous un tertre sur Sámsey.

La femme d’Angantýr était enceinte à ce moment-là et donna naissance à une fille nommée Hervor. Belle et forte comme un homme, elle appréciait les exercices guerriers. Déguisée en homme, elle participa à des expéditions vikings et se rendit ensuite sur Sámsey, au tertre de son père. Elle invoqua Angantýr, exigeant qu’il lui remette Tyrfingr. Angantýr céda finalement, prédisant que l’épée serait la ruine de leur famille. Plus tard, Hervor épousa Höfundr, fils du roi Guðmundr de Glæsisvellir, avec qui elle eut deux fils : Angantýr et Heidrekr. Comme sa mère, Heidrekr était enclin à faire le mal, allant jusqu’à tuer son frère. Son père le bannit, mais Hervor lui donna Tyrfingr.

Heidrekr se rendit au Reiðgotaland et entra au service du roi, épousant sa fille et ayant un fils nommé Angantýr. Plus tard, il tua le roi et s’empara du royaume. Lors d’une expédition au Húnaland, il enleva la fille du roi et eut un fils, Hlöðr. Il eut aussi une fille, nommée Hervor, de la fille du roi de Gardaríki. Comme sa grand-mère, Hervor était une vierge guerrière. C’est Óðinn qui provoqua la mort de Heidrekr. Le roi convoqua son ennemi Gestumblindi, qui sacrifia au dieu. Óðinn prit l’apparence de Gestumblindi pour se rendre chez Heidrekr, qui accepta de se réconcilier avec lui si Gestumblindi lui posait une énigme insoluble. Après une série de devinettes résolues, Gestumblindi demanda ce qu’Óðinn avait murmuré à l’oreille de Baldr avant qu’il soit placé sur le bûcher. Heiðrekr reconnut alors Óðinn et tenta de le frapper. Le dieu prédit qu’il serait tué par des esclaves.

La prophétie se réalisa, et Angantýr succéda à son père. Son demi-frère Hlöðr demanda sa part de l’héritage. Angantýr contesta son droit mais lui offrit de grandes richesses. Hlöðr refusa et retourna au Húnaland, où il leva une immense armée. Une première bataille se déroula à la frontière des deux pays, où Hervor, chargée de la défense, périt. Une seconde bataille, qui dura huit jours, vit la victoire totale des Goths, et Hlöðr fut tué par Angantýr.

L’influence des valkyries ne se limite pas aux mythes et aux légendes anciennes. Leur présence continue à résonner dans la culture nordique moderne. Leurs images ornent les manuscrits anciens, les sculptures et les peintures, témoignant de leur importance. Leur présence dans la littérature est tout aussi remarquable, avec de nombreux écrivains s’inspirant de leurs exploits pour créer des récits épiques de courage, de sacrifice et de destinée.