Représentation de la déesse mésopotamienne Ishtar - AI generated
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Représentation de la déesse mésopotamienne Ishtar - AI generated

Bienvenue dans l’univers envoûtant de la mythologie mésopotamienne, où les dieux et les déesses régnaient en maîtres. Parmi ces divinités, Ishtar se démarque par sa beauté captivante et sa puissance incomparable. Célèbre pour ses amours tumultueuses et son rôle dans les guerres mythiques, elle est une figure incontournable qui a laissé une empreinte indélébile dans les récits anciens. Découvrez dans la vie mouvementée de la déesse Ishtar à travers les plus belles légendes arkkadiennes.

I. Ishtar : La Déesse de l’Amour et de la Guerre

Elle occupe une place centrale dans la mythologie mésopotamienne en tant que déesse de l’amour, de la fertilité et de la guerre. Elle incarne les aspects les plus puissants de la nature féminine et est vénérée pour sa beauté envoûtante. Son nom signifie littéralement « Étoile de l’Aube », symbolisant sa présence rayonnante dans le panthéon mésopotamien.

Dans les mythes, Ishtar est souvent décrite comme une déesse séduisante et passionnée, capable d’enflammer les cœurs des dieux et des hommes. Son charme magnétique et sa sensualité irrésistible lui valent une place d’honneur parmi les divinités les plus vénérées de l’époque. Les prêtres et les adorateurs d’Ishtar la considèrent comme une figure bienveillante, capable d’apporter la prospérité et l’amour dans leur vie.

Loin d’être une figure maternelle conventionnelle, Ishtar symbolise une féminité libre, parfois destructrice : plusieurs de ses amants finissent maudits ou tués, comme le rappelle Gilgamesh. Elle est associée à la sexualité, au désir, et devient la protectrice des prostituées, des courtisanes et des figures marginales. Certains textes lui attribuent des enfants, notamment Nanaya, déesse associée à l’amour, et les dieux Lulal, Shara ou Latarak, sans mention explicite du père. Elle dispose aussi d’un vizir fidèle, Ninshubur. Cette autonomie dans ses relations fait d’elle une figure divine hors-norme, rejetant les conventions patriarcales.

Dans le panthéon mésopotamien, Ishtar occupe une position de premier plan, non seulement par l’étendue de ses pouvoirs mais aussi par sa centralité dans la vie religieuse, politique et sociale. Cette déesse souveraine est capable d’octroyer la royauté aux hommes, et dont le soutien conditionne la légitimité des rois. Vénérée dans toutes les grandes cités mésopotamiennes – Uruk, Akkad, Ninive, Arbèles – elle possédait des avatars locaux aux fonctions spécifiques, parfois indépendantes les unes des autres, comme Ishtar d’Arbèles ou Ishtar de la bataille. Sa présence dans les temples, dans les hymnes royaux et dans les récits de fondation témoigne de sa prééminence. Elle est aussi la seule figure féminine à rester dominante durant des millénaires dans un univers panthéonique largement masculin.

II. Ses amours

Parmi les nombreux amours d’Ishtar, une histoire se démarque : sa relation avec Tammuz / Dumuzi.

L’histoire d’amour entre Ishtar et Tammuz est empreinte de mélancolie. Tammuz (aussi appelé Dumuzi) était un berger (ou jeune roi selon certains textes) d’une beauté remarquable. Il était célèbre pour sa beauté et était aimé des dieux et des déesses. Dans de nombreux récits mythologiques, Dumuzi/Tammuz est décrit comme le fils de la déesse Ninsuna. Ishtar tomba éperdument amoureuse de lui, mais leur bonheur fut de courte durée. Tammuz fut emporté par la mort, plongeant Ishtar dans un chagrin profond. La déesse décida alors de descendre aux Enfers pour ramener son amant, mais les forces de la mort exigèrent un prix élevé. Ainsi, chaque année, Tammuz doit passer une partie de son existence dans le royaume des morts, et Ishtar pleure sa perte, faisant sombrer le monde dans le deuil.

Le mythe de Dumuzi est souvent interprété comme une allégorie du cycle agricole, où Dumuzi représente la végétation qui meurt et renaît chaque année.

Au-delà de ces histoires d’amour légendaires, Ishtar eut de nombreux autres amants célèbres, parmi lesquels des dieux, des rois et des héros. Parmi eux, Shukaletuda, un roi de la mythologie mésopotamienne, dont l’histoire est relatée dans le mythe « La descente d’Ishtar aux Enfers ».

A mentionner, car cela n’arrivait pas souvent à cette déesse de l’amour selon les textes mésopotamiens: un célèbre héros a osé refuser ses avances et se faisant, déclencha la colère de la déesse ainsi qu’une série d’évènements tragiques. Il s’agit de Gilgamesh !

Ce récit est connu sous le nom de « Combat d’Ishtar contre Gilgamesh et Imdugud » et se trouve dans certaines versions de l’épopée de Gilgamesh. Dans cette histoire, Gilgamesh est le célèbre héros mésopotamien, connu pour ses exploits et ses quêtes. Ishtar est amoureuse de Gilgamesh et le désire comme amant. Gilgamesh repousse toutefois ses avances, décrivant les malheurs qu’elle a infligés à ses anciens amants. Furieuse d’être rejetée, la déesse se tourne vers son père, Anu, et lui demande de lui donner le taureau céleste pour se venger de Gilgamesh. Son père refuse, craignant les conséquences de sa colère. Ishtar, enragée, se tourne alors vers le dieu Anzu (ou Imdugud), un gigantesque oiseau-dragon. Anzu accepte d’aider Ishtar et défie Gilgamesh dans un combat. La bataille entre Gilgamesh et Imdugud est féroce, mais Gilgamesh finit par triompher et tue l’oiseau-dragon.

III. Les légendes qui lui sont associées

La descente aux Enfers est sans doute le mythe le plus marquant. Dans ce récit, Ishtar décide de se rendre dans le royaume de sa sœur, Ereshkigal, déesse des morts, sous prétexte de présenter ses condoléances pour la mort de Gugalana, le taureau céleste. Avant de partir, elle donne des instructions précises à son vizir Ninshubur : si elle ne revient pas, il devra avertir Enlil, Nanna et Enki. À chaque des sept portes du monde souterrain, Ishtar est dépouillée d’un de ses attributs (couronne, bijoux, vêtements sacrés…), jusqu’à se retrouver nue et impuissante. Lorsqu’elle affronte Ereshkigal, celle-ci la fait mettre à mort. Son absence sur terre entraîne une stérilité générale : plus de procréation, plus de croissance végétale. Enki, le dieu de la sagesse, envoie alors deux créatures asexuées, Kurgarra et Galatur, pour attendrir Ereshkigal. Grâce à elles, Ishtar est ressuscitée, mais à condition de fournir un remplaçant. De retour à la vie, elle livre Dumuzi, son amant, à la mort.

Comme nous l’avons vu précédemment dans l’épopée de Gilgamesh, Ishtar tente de séduire le héros, mais se heurte à un refus méprisant. Gilgamesh lui reproche d’avoir détruit ou puni tous ses anciens amants : Tammuz, transformé en oiseau ; le berger ; le lion et le cheval sacrifiés ; ou encore Ishullanu, jardinier du palais, qu’elle transforme en taupe. Furieuse, Ishtar supplie son père Anu de lui accorder le Taureau céleste pour punir l’hybris de Gilgamesh. Ce dernier, avec l’aide d’Enkidu, tue la créature, déclenchant la colère des dieux. Ce récit illustre la dangerosité du désir divin, l’orgueil masculin face à l’autorité féminine et les conséquences du rejet d’Ishtar.

Dans « Inana et Enki », la déesse entreprend de voler les me (les principes fondateurs de la civilisation – royauté, sagesse, sexualité, guerre…) au dieu Enki à Eridu. Usant de flatteries et de vin, elle le pousse à lui offrir ces puissants pouvoirs, qu’elle rapporte triomphalement à Uruk dans sa barque céleste. Enki, revenu à lui, envoie plusieurs monstres marins pour la stopper, mais Inana réussit à rejoindre Uruk, où elle consacre les me. Ce mythe symbolise la maîtrise de la culture par une figure féminine, capable de déjouer l’autorité masculine.

D’autres récits renforcent son image de déesse vengeresse ou transgressive. Dans « Inana et Ebih », elle part seule détruire une montagne qui refuse de se soumettre à elle, malgré les mises en garde d’An. Par sa détermination, elle prouve qu’elle peut surpasser même les dieux masculins.

Dans « Inana et Bilulu », elle venge la mort de Dumuzi en punissant ceux qui l’ont tué. Enfin, dans l’épisode rare de Shukaletuda, un jardinier qui la viole pendant son sommeil, Inana poursuit l’homme jusque dans les cieux avant de le tuer, réaffirmant sa puissance et son refus de la domination.

IV. Le culte d’Ishtar

Le culte d’Ishtar fut l’un des plus étendus et influents de toute la Mésopotamie. Son principal centre cultuel était situé à Uruk, où le temple Eanna lui était consacré. Ce complexe monumental, probablement dirigé à l’origine par des prêtresses royales, jouait un rôle majeur dans la vie religieuse, mais aussi économique et politique de la cité. Elle y était vénérée en tant que déesse de l’amour, de la fertilité, de la guerre et de la souveraineté.

Son culte s’étendait bien au-delà d’Uruk : des sanctuaires lui étaient dédiés à Akkad, Ninive, Arbèles ou encore Mari. À Ninive, son temple était flanqué de représentations la montrant armée, prête au combat. À Arbèles, elle apparaissait sous la forme d’une déesse oraculaire, liée à la guerre et à la protection du roi assyrien.

Les rituels en l’honneur d’Ishtar étaient variés. On trouve des traces de chants d’amour sacrés, où la déesse s’unit symboliquement au roi dans des cérémonies nuptiales destinées à assurer la prospérité du royaume (hiérogamie). Des hymnes déclamés par des prêtresses la décrivent comme « lumière brillante », « maîtresse des cieux », ou « déchaînant la bataille comme une tempête ». Le culte intégrait aussi des pleureuses et des musiciens rendant hommage à Dumuzi lors des rites de lamentation.

Certaines pratiques, souvent controversées, évoquent une forme de prostitution sacrée ou de rites sexuels dans ses temples, bien que les sources soient ambivalentes et parfois influencées par des perceptions grecques ou bibliques hostiles. Ce qui est certain, c’est qu’Ishtar était la patronne des prostituées, des travestis, des danseuses sacrées et de toute personne liée à l’expression du désir et à la transgression des normes sexuelles.

Elle était aussi invoquée dans les rituels de guerre. Les rois d’Assyrie la priaient avant de partir au combat, lui demandant victoire et domination sur leurs ennemis. Sa capacité à inspirer la terreur sur le champ de bataille la plaçait au rang des grandes divinités martiales du Proche-Orient ancien.

Le culte d’Ishtar s’est poursuivi pendant plus de deux millénaires, avant de décliner avec l’avènement des religions monothéistes.

L’influence d’Ishtar s’est prolongée bien au-delà de la Mésopotamie. Son culte a marqué les divinités féminines du Proche-Orient ancien, comme Astarté, Shaushga ou Anat, et a laissé des traces dans des figures gréco-romaines comme Aphrodite et Vénus. Elle a également influencé certaines représentations de la Vierge Marie dans les courants syncrétiques du christianisme primitif. Son nom apparaît encore dans des textes magiques tardifs, et son étoile à huit branches a été reprise sur le drapeau irakien dans les années 1960. Dans la culture populaire, Ishtar inspire écrivains, compositeurs et créateurs de jeux vidéo. Elle figure notamment dans Sandman de Neil Gaiman, dans Stargate SG-1, ou encore dans des œuvres musicales comme Istar de Vincent d’Indy ou les hymnes contemporains composés à partir de textes anciens. Dans le féminisme moderne, elle est aussi récupérée comme symbole d’une féminité autonome et puissante. Ishtar demeure ainsi une figure fascinante, oscillant entre l’érotisme, la souveraineté et la transgression, tout en continuant d’inspirer artistes et intellectuels jusqu’à nos jours.