Représentation des dieux Igigi, dieux de la mythologie mésopotamienne - AI generated

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Igigi n’est pas un dieu mésopotamien… mais une classe de dieux. Ils résidaient dans le royaume céleste et étaient considérés comme des êtres supérieurs. Leur nom signifie « ceux qui voient et savent tout », une aptitude liée à leur position dans le ciel, depuis lequel ils observaient attentivement la Terre et ses habitants. Découvrez ces divinités, souvent méconnue de la mythologie mésopotamienne.

Représentation des dieux Igigi, dieux de la mythologie mésopotamienne - AI generated

I. Qui sont les Dieux Igigi ?

Selon les mythes mésopotamiens, les divinités étaient organisées en deux factions distinctes. D’une part, les Anunnaki, qui régissaient le monde depuis les eaux et, d’autre part, les Igigi, responsables de subvenir aux besoins terrestres de la classe supérieure. Igigi fait référence aux dieux célestes, tandis qu’Anunnaki désigne les divinités souterraines. Dans l’épopée de Gilgamesh, par exemple, les Anunnaki jouent le rôle de juges des enfers. Dans le récit de la création babylonienne (l’Enuma Elish), Marduk, successeur d’Enlil à la tête du panthéon, fixe le nombre des dieux à 600. Il les divise ensuite en deux factions : les Igigi dans les cieux et les Anunnaki sur terre. Toutefois, selon le mythe de la descente d’Inanna aux Enfers, les Anunnaki assument la fonction de juges célestes et sont au nombre de 71.

II. L’origine de leur révolte

Les décisions étaient prises par le conseil des Anunnaki, présidé par Anu, le souverain des dieux, puis plus tard par Enlil, son héritier. Ils accomplissaient ses ordres avec zèle. L’épopée d’Atrahasis (ou le poème du Supersage) relate comment les Igigi, épuisés par leur labeur, se rebellèrent contre les Anunnaki en brûlant leurs outils. Pour pallier leur absence et apaiser Enlil, qui envisageait de les exterminer, Enki proposa la création d’un nouvel être : l’homme.

III. Les origines du déluge

Le récit du déluge, dont les premiers textes datent de 1700 avant notre ère avec l’épopée d’Atrahasis (le « Supersage »), a été repris dans l’épopée de Gilgamesh, mettant en scène le héros Uta-Napishtim.

Dans le mythe babylonien, l’action se déroule à une époque où les Igigi, divinités mineures, travaillaient ardemment au service des Annunaki, dieux majeurs, qui jouissaient d’une vie oisive. Cette situation provoqua une révolte : les Igigi cessèrent le travail et brisèrent leurs outils, attendant une résolution acceptable pour toutes les parties.

C’est Enki qui apporta la solution en demandant à la déesse-mère de créer l’homme pour effectuer les tâches pénibles. Enlil ordonna la mort du dieu Wê-ilu (donnant le mot awîlu, « l’homme libre »), et mélangea son sang avec de l’argile. De cette boue, sur laquelle la déesse-mère avait craché pour insuffler la vie, Ninmah forma sept couples d’humains et établit les règles de la procréation. Dès lors, la destinée de l’humanité était de se reproduire et de servir les dieux.

IV. Un Regain « d’humanité » ?

Initialement, Annunaki et Igigi approuvèrent cette solution qui garantissait à chacun repos et tranquillité. Mais lorsque l’humanité remplit la terre et le ciel de bruits incessants, perturbant la paix des dieux, Enlil tenta de remédier à la situation en envoyant épidémies et famines pour réduire la population. Ses plans furent contrecarrés par Enki, conseillant à Atrahasis, le Très Sage, d’offrir des sacrifices aux dieux de l’agriculture et de la guérison. Furieux de cet échec, Enlil décida d’envoyer un déluge dévastateur pour éliminer l’humanité une fois pour toutes. Il fit jurer aux dieux de le soutenir et leur interdit toute communication avec les humains, mais Enki le trahit à nouveau en apparaissant à Atrahasis en rêve, lui ordonnant de construire une arche.

Adad, dieu de l’orage et de la pluie, accompagna du duo Shoulla et Hanish, déclencha le déluge. Erragal, dieu de la peste, fit s’effondrer les cieux, Ninourta, fils d’Enlil, brisa un barrage, et les Annunaki allumèrent des torches qui embrasèrent le ciel. La pluie tomba pendant six jours et sept nuits.

La tempête effraya même les dieux, qui se réfugièrent dans le ciel d’Anu. Le septième jour, les eaux se retirèrent et l’arche d’Atrahasis s’échoua sur le mont Nishir. Atrahasis relâcha d’abord une colombe, puis une hirondelle, qui revinrent toutes deux. Enfin, il lâcha un corbeau qui ne revint pas, indiquant la fin du déluge.

Les dieux, désemparés, notamment la déesse-mère, pleurèrent la mort de leurs créatures. Atrahasis sacrifia une colombe, une hirondelle et un corbeau. Lorsque les eaux se retirèrent, il offrit son premier sacrifice, provoquant la fureur d’Enlil, qui considérait les dieux se précipitant comme des mouches autour du sacrificateur comme une nouvelle trahison.

Enki expliqua à Enlil que les dieux dépendent des hommes pour leur existence. Il le conseilla de modérer sa colère et de ne punir que les hommes méritants, puis promit de prendre des mesures pour limiter leur population. Enki créa des femmes infertiles, des prêtresses vouées au célibat et introduisit la mortalité infantile, symbolisée par un démon ravisseur d’enfants. En récompense, Atrahasis obtint la vie éternelle.