Dans la mythologie mésopotamienne, les dieux étaient considérés comme les créateurs et les régulateurs du monde. Asarluhi était l’un de ces dieux, associé à la magie et l’exorcisme. Explorons la vie et les origines d’Asarluhi.

I. Les origines d’Asarluhi
Asarluhi (également orthographié Asalluhi) est une divinité ancienne de la mythologie mésopotamienne, initialement vénérée dans la ville de Kuara, une localité proche d’Eridu, qui était un centre religieux majeur consacré au dieu Enki (Éa). Dès ses premières attestations sous la période d’Ur III (vers 2100-2000 av. J.-C.), Asarluhi est présenté comme une divinité locale, probablement associée à des rituels de purification et d’incantations.
Son lien avec la magie et les exorcismes semble être un développement progressif. Dans les premières références sumériennes, son rôle exact n’est pas encore clairement défini en tant que dieu de l’incantation. Mais, il est rapidement associé à Enki, le dieu des eaux souterraines et de la sagesse, et finit par être intégré dans le panthéon d’Eridu. Cette assimilation lui confère un statut supérieur et marque le début de son association avec la magie, notamment à travers son lien avec les incantations et la purification. (D’abord dieu sumérien de la Pluie, il devint le souverain des rituels incantatoires. Il fut rapidement intégré au panthéon de Lagash et est mentionné dans des formules magiques en tant que divinité associée aux exorcismes.)
À une époque indéterminée, probablement dès la période paléo-babylonienne (XIXᵉ-XVIIIᵉ siècle av. J.-C.), Asarluhi commence à être assimilé à Marduk, le grand dieu de Babylone. Ce processus aboutit à sa fusion complète avec ce dernier, si bien qu’il devient l’un des cinquante noms de Marduk dans l’Enūma Eliš, le mythe babylonien de la création, où Marduk est proclamé roi des dieux. Cette transformation marque la disparition progressive d’Asarluhi en tant que divinité indépendante.
II. Son rôle dans le panthéon mésopotamien/sumérien
Asarluhi est principalement connu comme un dieu de la magie et des incantations, jouant un rôle clé dans les pratiques rituelles visant à chasser les esprits malins et à purifier les individus atteints de maladies ou de malédictions. Son association avec Enki (Éa), le dieu des eaux et de la sagesse, en fait une figure importante dans la protection et la guérison spirituelle.
Son rôle dans les exorcismes est attesté par de nombreux textes rituels mésopotamiens. Dans certaines formules incantatoires, Asarluhi est décrit comme l’intermédiaire entre le malade et Enki, plaidant la cause du patient auprès du dieu suprême de la sagesse. Cette fonction renforce son statut de protecteur des prêtres et des spécialistes des rituels de purification.
Il est parfois désigné comme le « superviseur des prêtres purificateurs du temple E-abzu », en référence à l’un des principaux sanctuaires d’Enki à Eridu. Ce lien avec le culte d’Enki suggère qu’Asarluhi jouait un rôle actif dans les rites de purification liés aux eaux souterraines sacrées du temple.
III. Les amours et descendance d’Asarluhi
Aucune source n’évoque des liens conjugaux ou une descendance divine pour Asarluhi. Contrairement à d’autres dieux mésopotamiens souvent intégrés dans des généalogies complexes, Asarluhi est essentiellement décrit comme un fils d’Enki, mais ce lien pourrait être un ajout tardif lié à son intégration dans le culte d’Eridu.
Sa filiation divine suggère qu’il partage les attributs de son père adoptif, notamment la sagesse, l’intelligence et la maîtrise des eaux souterraines. Contrairement à Enki, il ne semble pas avoir eu de rôle reproducteur ou de descendance propre, ce qui renforce l’idée qu’il était avant tout une divinité fonctionnelle plutôt qu’un acteur mythologique majeur.
Bien que son nom soit aujourd’hui méconnu, Asarluhi a laissé une empreinte durable à travers son association avec Marduk et son rôle dans la magie mésopotamienne. Tout comme Marduk, on le célèbre chaque année lors des célébrations de l’Akitu (des festivités qui durent 12 jours, débutant à l’équinoxe de printemps). Les dieux se rassemblent dans le temple de Marduk, où ils le saluent avec une profonde vénération, s’agenouillant devant lui, tandis que les destins de l’année à venir sont scellés de manière irrévocable. L’omission de ces cérémonies, en cas de guerre ou de malheurs publics, est considérée comme une calamité, et méritent d’être mentionnées dans les archives historiques de la cité.