Représentation du dieu mésopotamien Abzu - AI generated
Représentation du dieu mésopotamien Abzu

Abzu, aussi appelé Apsû en akkadien, est une figure fondamentale de la mythologie mésopotamienne, associée à l’océan souterrain d’eau douce qui supporte et entoure le monde. Considéré à la fois comme une entité divine et comme un lieu cosmique, Abzu est au cœur des mythes de création mésopotamiens. Explorons les différentes facettes de ce personnage de la mythologie mésopotamienne.

I. Origines d’Abzu

Dans la cosmologie mésopotamienne, Abzu représente l’océan primordial d’eau douce qui se trouve sous la terre. Cet océan est la source de toutes les eaux douces de la terre, telles que les rivières, les lacs, les sources et les puits. Abzu est donc perçu comme une force nourricière et essentielle à la vie. Selon les mythes, les eaux d’Abzu entourent et soutiennent le monde, tandis qu’au-dessus flottent la terre et les cieux.

En tant que divinité, il est souvent associé à Tiamat, l’océan d’eau salée, formant avec elle le couple primordial à l’origine de toutes les divinités et de la création du monde. Ensemble, leurs eaux se mêlent pour donner naissance à Mummu, les vagues, ainsi qu’à Lahmu et Lahamu, les premières divinités issues de leur union. On leur accorde un autre enfant: Anshar.

II. Ses caractéristiques

En tant que source de toute eau douce, il est perçu comme une entité bienveillante qui répand bonheur et abondance sur la terre. Son influence s’étend également au domaine de la connaissance et de la sagesse, faisant de lui un symbole de l’ordre cosmique et de la stabilité.

Le dieu Enki (ou Éa en akkadien), l’une des divinités les plus importantes du panthéon mésopotamien, réside dans l’Abzu, soulignant l’importance de cet océan primordial dans la mythologie.

Les caractéristiques de cette divinité sont aussi reflétées dans le rôle des eaux dans les rituels religieux mésopotamiens. Les citernes d’eau sacrée situées dans les temples, appelées également apsû ou abzu, étaient utilisées pour la purification religieuse. Ces installations sont les ancêtres des fonts baptismaux chrétiens et des bassins dans les mosquées islamiques.

III. Les mythes qui lui sont associés

Abzu occupe une place centrale dans plusieurs mythes de la création mésopotamienne, notamment dans l’épopée babylonienne de la Création, l’Enûma Elish. Dans ce récit, le dieu primordial est dépeint comme une divinité distincte, souvent sous la forme d’un monstre composé d’eau douce. Il est l’époux de Tiamat, l’océan d’eau salée, et ensemble ils donnent naissance aux premiers dieux (couple primordial comme on en retrouve dans la mythologie grecque).

Au bout d’un certain temps, il devient inquiet du bruit et de l’agitation des jeunes dieux, qui troublent sa tranquillité. En réponse, il décide, avec l’appui de Mummu, de les détruire. Tiamat, réticente à agir de manière aussi extrême, avertit le dieu Enki (Éa) du complot. Enki, connu pour sa ruse, parvient à endormir Abzu et le tue, prenant ainsi le contrôle de ses eaux. Enki établit son domaine dans les profondeurs de l’Abzu, faisant de cet endroit son siège de pouvoir.

La mort d’Abzu par Enki entraîne une série d’événements qui mènent à la bataille finale entre Marduk, le fils d’Enki, et Tiamat, qui n’a pas digéré le meurtre de son époux. Ce conflit aboutit à la création du monde tel qu’il est connu dans la mythologie mésopotamienne, avec Marduk utilisant le corps de Tiamat pour former le ciel et la terre.

Abzu est également mentionné dans d’autres mythes, comme celui de la déesse Nammu, qui aurait façonné les premiers hommes à partir de l’argile provenant des eaux d’Abzu. De même, dans l’épopée de Gilgamesh, le héros descend au fond de l’Abzu pour chercher la plante de la vie éternelle, soulignant encore une fois l’importance cosmique de cet océan primordial.


A mi-chemin entre divinité à part entière et élément cosmique à l’origine de l’humanité et du monde tel que nous le connaissons, Abzu reste un personnage clé de la mythologie mésopotamienne bien qu’il n’en soit pas un des héros principaux. Son héritage perdure non seulement dans les textes anciens, mais aussi dans les symboles et rituels qui ont marqué les civilisations mésopotamiennes et au-delà.