Parmi les châtiments les plus cruels que l’on retrouve dans la mythologie grecque, celui de Tityos se distingue particulièrement. Cette punition méritée marque encore les écrits et reste un symbole de la colère divine. Découvrez l’histoire du géant Tityos et ses méfaits.

Représentation de Tityos, divinité de la mythologie grecque - AI generated

I. Ses origines

Tityos est un géant dans la mythologie grecque, souvent décrit comme le fils de Zeus et d’Élara (aussi connue sous le nom de Larissa), une mortelle, fille d’Orchomène ou de Minyas. Zeus, craignant la colère et la jalousie de sa femme Héra, cacha Élara sous terre, d’où l’enfant finit par naître, ce qui explique pourquoi il est parfois également considéré comme un fils de Gaïa, la Terre elle-même.

Dès sa naissance, Tityos est dépeint comme un être gigantesque et monstrueux, si grand que son corps, selon certaines versions du mythe, couvrait neuf arpents de terre.

II. La tentative de viol sur Léto

L’épisode le plus marquant de sa vie est son attaque contre Léto, la maîtresse de Zeus et mère des dieux jumeaux Apollon et Artémis. Jalouse des nombreuses liaisons de Zeus, Héra, sa femme, manipule Tityos et lui inspire un désir irrésistible d’agresser Léto.

Selon les récits, Tityos tenta d’agresser Léto alors qu’elle se trouvait en route pour Delphes, lieu sacré pour les Grecs. Ce viol est toutefois empêché grâce à l’intervention rapide des enfants de Léto, Apollon et Artémis.

III. Le Châtiment de Tityos

Ce châtiment est l’une des peines les plus sévères imposées par les dieux dans la mythologie grecque, et il existe plusieurs variantes sur les circonstances de sa punition. Après avoir tenté de violer Léto, à l’instigation d’Héra, deux versions principales s’affrontent quant à l’identité de celui qui met fin à sa tentative. Dans certaines versions, c’est Zeus lui-même qui intervient, frappant Tityos de sa foudre pour protéger Léto et punir le géant. Mais une autre tradition raconte que ce sont Apollon et Artémis, les enfants de Léto, qui le tuent à coups de flèches pour venger leur mère. Quelle que soit la version retenue, le géant est envoyé dans le Tartare, où il subit un supplice éternel en guise de punition pour son crime.

Son châtiment dans le Tartare consiste à être étendu sur le sol, les bras et les jambes enchaînés, tandis que deux vautours (ou, selon certaines versions, des serpents) lui dévorent le foie. Ce dernier se régénère à chaque cycle lunaire, perpétuant ainsi son supplice de façon continue. Ce tourment rappelle celui de Prométhée, condamné à subir un sort similaire pour avoir défié Zeus en offrant le feu aux hommes. Dans le cas de Tityos, le foie est symbolique, car il est perçu dans la mythologie grecque comme le siège des passions humaines. Le fait que ce supplice soit sans fin renforce l’idée que le fils d’Elara est victime de ses propres désirs incontrôlés, qu’il paye pour l’éternité.

IV. Les Amours et Descendance de Tityos

Bien que le mythe de Tityos ne mette pas particulièrement l’accent sur sa postérité, certaines sources mentionnent qu’il est le père d’Europe, célèbre dans la mythologie pour avoir été enlevée par Zeus sous la forme d’un taureau. Toutefois, cette filiation est rarement développée, et la plupart des récits se concentrent davantage sur les actes tragiques de Tityos et son châtiment éternel. On ne connait d’ailleurs pas la mère d’Europe, qui se serait unit à Tityos.

L’une des représentations artistiques les plus célèbres du supplice de Tityos est le dessin intitulé Le Châtiment de Tityos, réalisé par Michel-Ange vers 1532. Ce dessin, conservé à la bibliothèque royale du château de Windsor, illustre le géant allongé, enchaîné, alors que deux vautours lui dévorent le foie. Ce chef-d’œuvre fait partie des « dessins de présentation » que Michel-Ange offrit à Tommaso dei Cavalieri, un jeune noble romain dont il était proche. À travers cette œuvre, Michel-Ange semble avoir voulu évoquer à la fois le mythe de Tityos et ses tourments symboliques, souvent interprétés comme une allégorie des passions dévorantes et des désirs incontrôlés. Ce dessin, réalisé dans un style abouti, est à la fois une illustration du mythe et une réflexion sur les souffrances humaines.