
La douce lumière de la Lune qui baigne nos nuits a depuis toujours inspiré les esprits créatifs et nourri les légendes. Au cœur de ces récits lumineux se trouve Séléné, la déesse grecque de la Lune. Découvrons ses origines mystérieuses, les mythes entourant sa course à travers le ciel nocturne, ses amours et sa descendance.
I. Les origines de Séléné
Séléné émerge des récits de la mythologie grecque en tant que divinité céleste d’une beauté transcendante. Son nom même signifie « brillante » en grec, et elle incarne parfaitement cette lumière nocturne qui guide les voyageurs. Elle a pour frères et sœurs Hélios (le Soleil) et Éos (l’Aurore).
L’origine de Séléné diverge selon les sources mythologiques. Selon Hésiode dans la Théogonie, Hypérion, le dieu du feu solaire, s’unit à sa sœur Théia, qui engendra « le grand Soleil, la Lune splendide et l’Aurore, qui illuminent le ciel pour tous les êtres, qu’ils soient divins ou mortels ». L’Hymne homérique à Hélios suit cette même lignée en décrivant comment « Hypérion prit pour épouse Euryphaessa, sa sœur, qui lui donna de beaux enfants : Éos aux bras roses, Séléné aux cheveux magnifiques et l’infatigable Hélios ». Dans cette version, Théia est identifiée par son épithète Euryphaessa.
Toutefois, d’autres auteurs présentent des variations dans les origines de Séléné, la faisant parfois la fille de Pallas ou encore celle de Hélios.
Cette origine inscrit clairement Séléné dans une famille divine cosmique, où chaque membre personnifie un aspect fondamental du cycle céleste. Mais une particularité essentielle de son identité mythologique est sa place au sein de la célèbre triade lunaire qu’elle forme avec Artémis et Hécate. Dans cette triade symbolique, chaque déesse incarne une phase distincte de la lune : Séléné préside à la pleine lune, représentant ainsi la plénitude et la luminosité maximale de l’astre nocturne ; Artémis symbolise le croissant lunaire, associé à la jeunesse, la virginité et la chasse ; enfin, Hécate, liée aux mystères et à la magie, incarne la nouvelle lune, période obscure et propice aux pratiques ésotériques. Cette complémentarité exprime la riche symbolique lunaire dans la spiritualité antique.
II. Les légendes qui l’entourant
Les récits mythologiques impliquant Séléné mettent souvent en avant sa nature romantique et passionnelle. La légende la plus emblématique concerne son amour pour le jeune berger Endymion, célèbre pour son exceptionnelle beauté. Chaque nuit, la déesse descendait de son char lunaire pour contempler et aimer Endymion, plongé dans un sommeil éternel, un état que Zeus lui aurait accordé afin de préserver sa jeunesse. Ce mythe fut largement relayé dans l’Antiquité, notamment par Apollonios de Rhodes, Quintus de Smyrne, ou encore Pausanias. D’autres légendes enrichissent son portrait, telles que son histoire avec le dieu Pan, qui réussit à la séduire en se camouflant sous une toison blanche éclatante, ou encore celle d’Ampélos, puni par Séléné pour avoir prétendu dominer mieux qu’elle les taureaux sauvages.
III. Ses Amours
Avec Zeus, elle est notamment mère de Pandia, symbole de plénitude lunaire, ainsi que d’Ersa (Hersé), personnification poétique de la rosée, et parfois de Némée, liée aux légendaires Jeux néméens et au lion vaincu par Héraclès. Parmi les mythes entourant la Lune, on trouve également l’histoire d’Endymion, un berger mortel dont Séléné tomba amoureuse. Selon la légende, Endymion était un berger d’une grande beauté qui vivait en Carie, une région de l’Asie Mineure. Un jour, la déesse de la Lune tomba amoureuse de lui après l’avoir vu endormi dans les montagnes. Elle fut tellement éprise de sa beauté qu’elle descendit de son char lunaire chaque nuit pour le contempler en secret pendant son sommeil.
Pour maintenir cet amour secret et continuer à veiller sur Endymion, Séléné demanda à Zeus, le roi des dieux, de le rendre immortel ou de le plonger dans un sommeil éternel, selon différentes versions du mythe. Zeus choisit de le plonger dans un sommeil éternel, exauçant ainsi le vœu de la déesse. Endymion dormit éternellement dans une grotte des montagnes, tandis que Séléné le rejoignait chaque nuit pour le voir. De leur union naquit cinquante filles, qui présidaient chacune aux cinquante mois du calendrier lunaire qui séparaient deux sessions de Jeux olympiques.
Séléné aurait également eu une liaison avec le dieu Pan.
IV. Son culte et ses représentations
Le culte rendu à Séléné est attesté, quoique modeste par rapport à d’autres divinités, à travers certaines représentations matérielles et festivités lunaires. Des sanctuaires dédiés à la déesse furent notamment découverts à Thalamae, en Laconie, où elle était honorée sous l’épithète de Pasiphaé.
À Élis, sur la place du marché, elle était représentée avec Hélios par des statues à l’aspect courbé, illustrant clairement leur fonction céleste, avec des rayons solaires et des cornes lunaires. À Athènes, la célébration du Pandia, fête à la pleine lune, lui était indirectement liée, car Pandia était initialement l’un de ses surnoms avant d’être personnifiée comme sa fille. Iconographiquement, elle est fréquemment figurée conduisant un char tiré par deux chevaux blancs ou argentés, parfois des bœufs, portant une couronne ou un croissant lunaire, symbole omniprésent rappelant sa souveraineté nocturne.
Le nom de Séléné, la déesse grecque de la Lune, a été attribué à l’élément chimique « sélénium », ainsi qu’à un astéroïde, démontrant sa persistance symbolique dans les sciences modernes. Dans la culture populaire, elle inspire des personnages littéraires et mangas comme Queen Serenity dans Sailor Moon, renforçant l’image d’une déesse douce mais puissante, profondément liée aux cycles de la vie et aux mystères féminins.