Déesse de la fertilité, de l’agriculture et de la moisson, Déméter est l’une des divinités incontournables de la mythologie grecque. Les Grecs anciens la croyaient responsable de la croissance des plantes et de la récolte des cultures. Explorons ensemble l’histoire de cette déesse, les plus grands mythes auxquels elle a participé, ainsi que son importance dans la culture grecque antique.
I. Qui est Déméter ?
Déméter dans la mythologie grecque
Fille de Cronos et de Rhéa, elle est de ce fait la sœur aînée de Zeus. Déméter est également la mère de Perséphone, qui a été enlevée par Hadès, le dieu des Enfers. Après l’enlèvement de Perséphone, Déméter est devenue désespérée et a cherché sa fille partout. Sa quête l’a finalement conduite à la cité de Triptolème, où elle a été accueillie par le roi Céleus. En échange de sa bienveillance, Déméter a enseigné à Triptolème l’art de l’agriculture et lui a donné une faucille magique.
Cette divinité était connue sous différents noms dans la mythologie grecque, selon la région ou la culture qui la vénérait. Appelée Cérès par les Romains, elle répondait aussi au nom de Déo ou de Thesmophoros chez les Grecs. Le nom Déo signifie « la déesse », tandis que Thesmophoros signifie « porteuse de lois ».
Ses attributs
Déméter est représentée avec des épis de blé, des fruits et des légumes, ainsi qu’avec des animaux associés à l’agriculture, tels que les cochons et les serpents. Elle tient parfois une torche, symbolisant sa quête pour retrouver sa fille. Cette déesse est connue pour être une déesse bienveillante, mais elle peut aussi être colérique, comme lors de l’enlèvement de sa fille.
II. Les mythes auxquels elle a participé
Cette déesse se fait discrète, parmi tous les scandales qu’offrent le panthéon grec. Son mythe le plus connu reste l’enlèvement de sa fille, qui a surtout pour but d’expliquer l’enchainement des saisons. Des textes ont bien tenté de la lier à Zeus en la faisant mère de Dionysos mais cela a rapidement été contesté. Son intervention sert avant-tout à lier le rôle de la Nature dans certains évènements.
D’autres textes la lient également à Poséidon et d’une façon peut digne. On y explique que Déméter, en larmes et désespérée de ne pas trouver sa fille, se métamorphosa en jument pour échapper aux avances des autres dieux et titans (ce que l’on peut aisément comprendre: les amourettes et les amusements n’étaient pas au menu pour Déméter). Toutefois, Poséidon la guettait et s’apercevant de cette métamorphose, se transforma lui-même en étalon pour la violer. De cette union naquirent la nymphe Despoena et le cheval sauvage Areion (cheval immortel et doué de la parole, il se nourrissait d’or et était le plus rapide à la course). La colère qu’engendra ce viol chez Déméter lui valut le surnom de « Déméter La Furie », ce qui est à l’encontre des qualificatifs habituels qu’on lui attribue.
Alors qu’elle recherchait toujours sa fille, elle atterrit sous la déguisement d’une mendiante dans le royaume de Céléos et sa femme Métanira. Ces derniers venaient de donner naissance au prince Démophon. Ils lui offrèrent l’hospitalité et lui demandèrent d’être sa nourrice. Alors que leur fille Iambé essayait de dérider la malheureuse déesse, elle lui fit boire une boisson d’orge qui déclencha chez cette dernière des contractions qui menèrent rapidement à la naissance d’Iacchos
III. Sa descendance
Hormis Perséphone, qu’on appelait également Coré, Déméter fut donc la mère de Iacchos (fils de son frère, Zeus, selon certains textes). Elle engendra également Ploutos avec le Titan Iasos, dont elle fit la rencontre au mariage d’Hermioné et Cadmos. Ces derniers s’éclipsèrent du mariage pour batifoler dans un champ par trois fois labouré. Une fois de retour, Zeus, jaloux, remarqua les traces de terre fraiche sur les bras et jambes de sa soeur. De rage, il foudroya Iasos qui avait eu l’impudence de toucher Déméter. Selon d’autres mythes, Iasos fut mis à mort par son frère Dardanos ou mis en pièce par ses propres chevaux (à la demande de Zeus?).
Ce mythe prend fin lorsqu’elle récompense Pandaréos le Crétois en lui offrant un don presque divin : ne jamais souffrir de l’estomac. Qu’avait fait l’intéressé pour mériter ce cadeau de la déesse? Il avait tout simplement dérobé le chien d’or de Zeus, vengeant ainsi la déesse pour la mort de son amant.
IV. L’enlèvement de Coré/Perséphone
La légende raconte qu’Hadès tomba amoureux de Perséphone, sa nièce, et décida de la kidnapper pour en faire son épouse. Pourquoi un enlèvement ? Après avoir demandé la main de Perséphone à Zeus, celui-ci, craignant la colère de Déméter, refusa « courageusement » de trancher. Il lui dit qu’il ne pouvait ni accorder ni refuser la main de Coré. Hadès interpréta cela comme un défi.
Déméter chercha sa fille pendant neuf jours et neuf nuits, négligeant ses fonctions de déesse de la fertilité et laissant les cultures péricliter. Avec l’aide d’Hécate, elle consulta Hélios, le dieu solaire, qui révéla à contrecœur qu’Hadès était le ravisseur. En colère, Déméter resta sur Terre, abandonnant ses devoirs divins, ce qui provoqua une famine. Les dieux supplièrent alors Hadès de libérer Perséphone.
Entre-temps, Perséphone refusait de se nourrir, suivant les conseils de sa mère pour ne pas être piégée dans le monde souterrain. Hadès, désemparé par son jeûne, accepta de la renvoyer. Hermès fut chargé de la ramener, mais un jardinier affirma avoir vu Perséphone manger sept grains de grenade. Cela fit sourire Hadès, bien que cette déclaration fût probablement fausse. Informée de cet incident, Déméter refusa de reprendre ses fonctions, obligeant Zeus à solliciter Rhéa pour trouver un compromis.
Finalement, Perséphone devait passer une partie de l’année aux côtés de son « époux » dans le monde souterrain, expliquant ainsi l’hiver, lorsque la terre se repose. Elle pouvait rejoindre sa mère au printemps et en été, périodes de fertilité. Cette histoire illustre le cycle des saisons et la fluctuation de la fertilité terrestre. De plus, avant que Perséphone ne soit enlevée, Zeus eut le temps d’engendrer un enfant avec elle.
V. La place de Déméter dans la culture grecque antique
Elle était honorée par des festivals en son honneur, tels que les Thesmophories et les Eleusinies. Ces célébrations étaient l’occasion pour les femmes de se réunir et de célébrer les récoltes. Les Thesmophories étaient un festival en l’honneur de la fertilité et de la fécondité, tandis que les Eleusinies étaient un festival célébrant la mort et la résurrection de Perséphone. Les mystères d’Éleusis, un rituel secret en l’honneur de Déméter et Perséphone, étaient considérés comme les plus importants de tous les festivals grecs.
En tant que déesse de la fertilité et de l’agriculture, elle était étroitement associée aux pratiques agricoles des Grecs. Les Grecs la croyaient responsable de la croissance des plantes et de la récolte des cultures. Ils ont donc développé des pratiques agricoles en son honneur pour s’assurer de bonnes récoltes. Par exemple, ils ont pratiqué la rotation des cultures, qui consistait à cultiver différents types de plantes sur le même terrain pour préserver la fertilité du sol. Les Grecs ont également utilisé des outils agricoles, tels que des charrues, des socs et des houes, qui étaient souvent décorés à son image.
Elle est souvent mentionnée dans la littérature antique, notamment dans les poèmes d’Homère et d’Hésiode. Dans l’Odyssée d’Homère, Déméter est décrite comme une déesse puissante et bienveillante, qui accorde des faveurs à ceux qui la vénèrent. Dans les Travaux et les Jours d’Hésiode, elle est présentée comme une déesse bienveillante qui enseigne l’agriculture aux hommes. Elle est également associée à la justice et à la loi.
VI. Les représentations artistiques de Déméter
Déméter était souvent représentée dans l’art grec antique sous la forme d’une femme mature, portant une robe et une couronne de feuilles et de fruits. Elle était souvent accompagnée d’un cochon, d’un serpent ou d’un chien. Les statues et les sculptures de Déméter étaient souvent placées dans des temples ou dans des espaces publics, tels que des places de marché ou des théâtres.
Les Romains ont également vénéré Déméter et l’ont représentée dans l’art. Les mosaïques la représentant étaient souvent placées dans les maisons romaines, pour rappeler la fertilité et la prospérité. Ces dernières la présentaient avec des épis de blé, des fruits et des légumes.
Pour finir, on la voit apparaître dans l’art médiéval et moderne. Les peintures et les fresques représentant la déesse la montrent en train de tenir une torche ou un sceptre, symbolisant son pouvoir et sa quête pour retrouver sa fille.
Elle continue d’être une source d’inspiration pour les artistes contemporains. Dans la littérature, on peut trouver des références à cette divinité dans des œuvres telles que Les Furies de Virgil Thomson et Les Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro. Dans la musique, des groupes tels que Muse et Demeter ont pris leur nom en référence à la déesse. Dans le cinéma, des films tels que Le Chant de la Mer et Wonder Woman 1984 ont présenté des personnages inspirés de la déesse grecque.
Comme tous les autres dieux grecs, on utilise son image ou son histoire dans les jeux vidéo modernes. Elle est souvent représentée comme une déesse puissante, avec des capacités magiques et des pouvoirs liés à la nature. Dans des jeux tels que Age of Mythology et Smite, le joueur peut « utiliser » son personnage.