Vénérée comme déesse de la sagesse, de la guerre, de l’artisanat et de la civilisation, Athéna est un symbole important de la culture grecque. Comme sa « soeur », Artémis, on ne lui connait pas de prétendant sérieux et pourtant, elle se démarque au sein de l’Olympe par ses stratégies martiales, son appui aux humains et son sens de la justice. Passionné de mythologie ou simple curieux? Nous vous invitons à (re)découvrir son histoire, les mythes et les symboles qui accompagnent cette déesse.
I. Qui est Athéna dans la mythologie grecque?
Ses origines remontent aux dieux et déesses qui ont précédé la génération des Olympiens, comme la déesse sumérienne Inanna et la déesse égyptienne Neith. Athéna est née de la tête de son père, Zeus, entièrement armée et prête à entrer en guerre. Mais comment cette déesse est-elle devenue la figure complexe et vénérée que nous connaissons aujourd’hui ?
La naissance d’Athéna est un récit complexe qui varie selon les sources. Selon l’une des versions les plus populaires, Athéna est née du front de Zeus après que celui-ci a avalé sa première épouse, Métis, qui était enceinte. Zeus avait avalé Métis la Titanide par crainte que l’enfant qu’elle portait ne le détrône un jour, comme il l’avait fait avec son propre père, Cronos. Toutefois, Métis avait déjà conçu Athéna avant d’être avalée, et la déesse est ainsi née de la tête de Zeus. Ce dernier, se plaignant de fortes migraines, demande à Héphaïstos, le Dieu de la Forge, de l’aider. Celui-ci lui fend le crâne: un cri de guerrier retentit et sort du crâne de Zeus une Athéna toute armée. Cette naissance miraculeuse a fait de la petite déesse une figure importante de la mythologie grecque, symbolisant la sagesse, la naissance et le pouvoir.
D’autres mythes tentent d’expliquer la naissance, la filiation ou encore la jeunesse de la déesse. Selon les Pélasges, elle serait née près d’un lac en Lybie où elle fut trouvée, nourrie et élevée par trois nymphes. Accidentellement, elle tua sa jeune compagne de jeu Pallas, avec sa force divine non maîtrisée. Pleine de remords, elle précéda son nom de Pallas en souvenir de cette enfant. D’autres textes font d’elle la fille d’un certain Pallas (géant ailé au corps de bouc, qui tenta de la violer lorsqu’elle était enfant. Après l’avoir tué et arraché la peau, elle continua de porter son nom), ou encore de Poséidon, qu’elle renia avant de demander à Zeus de l’adopter.
En tant que déesse de la sagesse, elle a passé une grande partie de son enfance dans la bibliothèque céleste, étudiant les textes sacrés et les sciences. Elle a également reçu une formation en guerre et en artisanat, ce qui lui a permis de devenir une guerrière redoutable et une créatrice talentueuse.
Les temples d’Athéna étaient nombreux dans la Grèce antique. Le plus célèbre d’entre eux était le Parthénon, situé sur l’Acropole d’Athènes. Construit au Ve siècle avant J.-C., le Parthénon était un chef-d’œuvre de l’architecture grecque, dédié à Athéna et à la victoire de la cité sur les Perses.
II. Athéna : Les mythes
Elle apparaît dans de nombreux mythes de la mythologie grecque, dont les plus célèbres :
- Arachné est une jeune femme qui prétend être la meilleure tisseuse de la ville. La déesse grecque de la sagesse, offensée par cette arrogance, se déguise en vieille femme et défie Arachné dans un concours de tissage. La déesse gagne le concours, mais plutôt que de punir Arachné, elle la transforme en araignée pour qu’elle puisse continuer à tisser pour l’éternité.
- La transformation de Méduse: il existait autrefois trois magnifiques Gorgones (enfants de la mer) du nom de Sthéno, Euryalé et Méduse. Cette dernière s’unit un jour à Poséidon dans un des temps d’Athéna. Outrée par cette conduite, Athéna transforma l’imprudente en une créature hideuse et mortelle. Elle devint un monstre ailé avec d’énormes dents et une langue démesurée sortant de sa bouche. Sa chevelure était recouverte de serpents et son regard étincelants changer les hommes en pierre s’ils venaient à le croiser.
- Persée, qui pour vaincre la Gorgone Méduse, reçoit d’Athéna un bouclier miroir pour qu’il puisse regarder Méduse sans être pétrifié. Elle lui donne également une épée tranchante pour vaincre Méduse.
- Ulysse et l’Odyssée : Athéna, alliée d’Ulysse dans l’Odyssée l’aide à se déguiser en mendiant et à échapper aux prétendants qui cherchaient à prendre le contrôle de son royaume.
III. Les symboles d’Athéna
- Le hibou est souvent associé à Athéna en raison de son association avec la sagesse et la connaissance. Les Grecs croyaient que les hiboux étaient capables de voir à travers l’obscurité, ce qui symbolisait la capacité de la déesse à voir la vérité cachée.
- L’olivier est un autre de ses symboles. Selon la légende, Poséidon était avide de royaumes terrestres (en plus de ses royaumes marins). Il revendiqua l’Attique en créant un puits d’eau salée rien qu’en y plantant son trident. Plus tard, Athéna tenta de s’installer de façon moins radicale en proposant de planter le premier olivier près de ce puits. Outré par cet affront, Poséidon proposa un combat singulier, que la guerrière Athéna accepta avec plaisir… mais Zeus s’interposa et proposa un arbitrage (il ne voulait pas voir son frère et sa fille préférée se battre pour une ville). Les deux divinités devaient se présenter devant leurs frères et soeurs olympiens et plaider leur cause. Tous les dieux votèrent pour Poséidon quand les déesses donnèrent leur voix à Athéna. Zeus souhaitant rester impartial, Athéna l’emporta donc d’une voix. Très fâché, Poséidon envoya une multitude de vagues destructrices à Athéné, la ville d’Athéna. Pour apaiser la colère du dieu des mers, les femmes d’Athènes furent privées de leur droit de vote (comme c’est pratique !…) et les hommes ne pouvaient plus porter le nom de leur mère dans leur patronyme comme ce fut le cas auparavant.
- Bien que souvent confondue avec le hibou, la chouette fait aussi partie des symboles associés à cette divinité. La chouette était considérée comme un messager de la déesse et était souvent utilisée comme un symbole de sagesse et d’intelligence.
- L’égide était un bouclier qu’elle portait dans les batailles. Il était souvent décoré d’une tête de Gorgone et était considéré comme une arme puissante contre les ennemis de la déesse.
IV. Le caractère bien trempé de la déesse de la sagesse
La déesse de la sagesse est souvent assimilée à un métier à tisser, qui est un rappel de son patronnat de l’artisanat. Un jour, Athéna surprit Aphrodite en train d’utiliser un métier à tisser. Craignant que la déesse de l’amour n’empiète sur son champ de prédilection, elle menaça d’y renoncer totalement. C’est ainsi qu’Aphrodite dut présenter ses excuses et s’engagea à ne plus rien faire de ses mains. Sa seule mission était donc d’aimer.
On raconte également les rivalités qu’elle pouvait rencontrer avec ses soeurs Olympiennes. Ainsi, Athéna avait fabriqué de ses mains une flûte double avec des os de cerf et décida de tester son instrument lors d’un banquet entre les dieux. Sans comprendre la raison de leurs fous-rires, elle voyait Héra et Aphrodite se cacher pour rire. Les autres divinités semblaient pourtant apprécier la mélodie. Elle s’éclipsa près d’une rivière en Phrygie et décida de jouer de la flûte en observant son reflet dans la rivière. Elle constata avec effarement que pour jouer d’une telle mélodie, ses joues devaient se gonfler, lui donnant un aspect comique et peu distingué. Fâchée, elle lança la flûte dans le bois en formulant une malédiction à celui qui ramassera l’objet de ses moqueries. Marsyas qui passait par là, ramassa la flûte qui se mit à jouer toute seule. Les paysans du coin, peu éduqués, firent la comparaison avec Apollon, réputé pour ses dons en musique. Marsyas eut le malheur de ne pas les contredire. Apollon se fâcha et demanda qu’on organise un concours où les muses les départageraient. Le jeune homme remporta le concours et en guise de récompense, fut écorché vif par Apollon.
La déesse trouve une certaine rédemption dans ses colères notamment grâce à son sens de la justice et de la morale. Zeus avait engendré un enfant illégitime avec Perséphone avant qu’elle ne soit emmenée dans le royaume des morts par Hadès pour devenir sa femme. Zagreus fut confié aux fils de Rhéa, mais les Titans, ennemis jurés de Zeus, décidèrent de kidnapper l’enfant et de le supprimer. Zagreus tenta de se défendre en se métamorphosant mais ils se jetèrent sur lui et le dévorèrent. La guerrière Athéna interrompit cette barbarie un peu avant la fin et sauva son coeur. Elle enferma le coeur de l’enfant dans une statue de plâtre puis lui insuffla la vie. Zagreus devint immortel. Zeus le vengea en foudroyant les Titans.
Elle servit de conseillère à son père lors de son combat contre les Géants, à Oreste lors de son procès contre les Erynies et enfin à Héraclès lors de ses douze travaux (notamment la capture de Cerbère et la chasse de l’Hydre de Lerne).
Ce qui fascinait les grecs chez cette divinité n’était pas sa filiation avec Zeus ni le mystère associé à sa naissance, mais bien son apport à la civilisation grecque. Loin de l’image de brute que l’on retrouve chez Arès, dieu de la guerre, elle mit au service des conflits toute sa sagesse, et devint pour les plus grands leaders de l’époque une conseillère sage et avisée, un modèle de tacticienne pour la prise de bonnes décisions. Athéna surpassa même deux fois son frère Olympien sur les champs de bataille.