
Dans les annales de l’Égypte ancienne, il existe une panthéon de divinités fascinantes, chacune avec son propre ensemble de mythes et de légendes. Parmi ces figures mythologiques se trouve Nekhbet, la déesse vautour, une entité emblématique associée à la Haute-Égypte. Son image majestueuse de vautour planant au-dessus des rois égyptiens a captivé l’imagination depuis des millénaires. Mais qui était vraiment Nekhbet, et quel était son rôle dans la mythologie égyptienne ? Plongez au cœur de sa légende et explorez les mythes qui l’entourent.
I. Mythes et symboles de Nekhbet
Nekhbet est l’une des divinités les plus anciennes du panthéon égyptien, apparue dès la période prédynastique. Originaire de la ville de Nekheb (aujourd’hui El-Kab), située sur la rive orientale du Nil, elle est la déesse protectrice de la Haute-Égypte. Dès l’unification du pays, son rôle s’élargit pour incarner la puissance souveraine du Sud, en binôme avec Ouadjet, la déesse cobra du Nord, formant ensemble les Nebty, « les Deux Maîtresses » qui accompagnent la titulature royale. Son symbole, la couronne blanche, en était l’insigne.
Représentante de l’ordre, de la continuité dynastique et de la légitimité du pharaon, Nekhbet étend symboliquement ses ailes sur le souverain, l’investissant de son autorité divine. À partir du Nouvel Empire, elle acquiert également un rôle maternel en devenant la déesse protectrice des naissances. Elle est alors comparée par les Grecs à Ilithyie, leur propre déesse des accouchements. En tant que « mère divine du roi », elle incarne à la fois la nourrice céleste, la gardienne de la royauté et la force vitale du pouvoir pharaonique.
Au-delà de sa symbolique de protection, cette divinité égyptienne avait un lien profond avec le pouvoir royal. Elle était considérée comme la protectrice des pharaons, veillant sur leur règne et garantissant leur succès. Pour les Égyptiens anciens, sa présence était rassurante, un signe que leur dirigeant était béni par les dieux.
II. Son patronage
L’iconographie de Nekhbet reflète pleinement son rôle protecteur. Elle est souvent représentée sous la forme d’un vautour blanc femelle aux ailes déployées, planant au-dessus du roi ou survolant des scènes royales, symbolisant sa vigilance et sa protection. Parfois, elle apparaît comme une femme coiffée de la couronne blanche de Haute-Égypte, ornée de deux longues plumes, d’un cobra et de la croix de vie Ânkh. Dans certains bas-reliefs, elle est aussi figurée tenant des flèches, ou dans un rôle plus maternel, assimilée à une grande vache nourricière.
Dans d’autres représentations, elle revêt l’apparence d’une jeune femme portant la couronne blanche, notamment lors des cérémonies de légitimation du pouvoir royal.
Cette variété de formes exprime la complexité de son identité divine, à la fois guerrière et bienveillante. Les prêtresses de son culte, appelées les Muu, portaient d’ailleurs des robes faites de plumes de vautour, perpétuant cette symbolique dans les rites et les représentations.
Dans son rôle de gardienne du pharaon, elle est étroitement liée à la déesse cobra Ouadjet, symbole de la Basse-Égypte. Ces deux divinités protectrices du souverain sont symbolisées sur la couronne royale, illustrant ainsi la souveraineté du pharaon sur les deux régions du pays.
Dans son temple dédié, Nekhbet était également honorée sous la forme de Shesemtèt, un aspect de la Déesse Dangereuse. Aux alentours de la douzième dynastie, elle fut assimilée à Mout, peut-être en raison de l’homophonie entre « Mout » et le mot désignant le vautour, renforçant ainsi les liens entre ces divinités.
III. Amours et Descendance
On ne lui connaît pas de relation à proprement parler. Certains textes la considèrent comme la mère de Sobek, le dieu crocodile. Cette filiation est particulièrement intéressante car elle représente la combinaison de deux puissantes forces de la nature : le vautour de Nekhbet et le crocodile du Nil. Sobek était un dieu respecté, associé à la fertilité, à la protection et à la force.
Toutefois, peu s’accordent sur ce fait et ne font la relation entre ces divinités que pour des raisons de cosmologie ou pour appuyer sur le pouvoir de la Nature.
V. Le mythe de la création du monde
Là également, certains textes (notamment à El’Kab) se permettent quelques originalités en ce qui concerne cette déesse. Considérée comme une divinité primordiale « locale », on lui rattacha le mythe de la création du monde faite par sept paroles ou sept flèches… mais les seuls textes approuvés faisant référence à la création du monde selon la mythologie égyptienne est le mythe d’Atoum (ou Atem) qui est considéré comme le premier dieu créateur. Atoum est souvent décrit comme ayant créé le monde en parlant ou en émettant des paroles magiques, mais on ne retrouve pas spécifiquement le nombre sept dans cette légende.
Pour revenir à El’Kab, les Grecs, qui avaient assimilé Nekhbet à leur déesse des accouchements, Eileithyia, ont baptisé cette cité du nom d’Eileithyiapolis, signifiant littéralement « la cité d’Eileithyia, » faisant ainsi référence à la déesse Nekhbet. Cette ville était située entre le Nil et le désert, à l’embouchure du ouâdi Hilal (ou wadi Hellal), à une distance de 90 kilomètres au sud de Thèbes, sur la rive droite du fleuve, en face de Hiérakonpolis.
Le culte de Nekhbet fut principalement centré à El-Kab, où elle possédait un sanctuaire actif depuis la période prédynastique. Ce temple connut plusieurs phases de développement, notamment sous la XXIXe dynastie avec le pharaon Achôris. Elle y était honorée comme « Dame de la Vallée » ou « Dame des ouâdis du désert », protégeant à la fois les terres fertiles du Nil et les routes minières du désert oriental. Elle disposait aussi d’un sanctuaire à Edfou, ce qui témoigne de l’extension de son influence. Son culte n’était pas seulement spirituel, mais aussi très concret : elle veillait à la naissance des enfants et au bon déroulement des accouchements. Les reines étaient parfois considérées comme son incarnation terrestre, renforçant le lien entre pouvoir royal et maternité divine.