Astarté, la déesse phénicienne de la guerre, de l’amour et de la fertilité, est une figure mythologique qui a captivé l’imagination des anciennes civilisations. Sa beauté envoûtante et son pouvoir sur les passions humaines en ont fait l’une des divinités les plus vénérées de son époque en Egypte. Découvrons aujourd’hui les diverses facettes de cette déesse emblématique.
I. L’origine d’Astarté : Une déesse phénicienne
Astarté, également connue sous les noms d’Athtart en Ougarit, Shaushka chez les Hourrites, ou Ashtart en phénicien, est une déesse d’origine cananéenne, souvent associée à la guerre, la fertilité et la sexualité. Elle trouve ses racines dans les traditions sémitiques de l’Est, et ses attributs la rapprochent des divinités mésopotamiennes comme Ishtar et Inanna, toutes deux incarnant un double aspect de l’amour et du conflit. Son nom dérive du mot sémitique « Aštart », qui signifie « la femme qui marche » ou « la femme divine ».
Selon les récits mythologiques, Astarté était la fille du dieu céleste El et de la déesse de la mer Yam. Elle était souvent représentée comme une belle femme vêtue de robes somptueuses, ornée de bijoux et entourée de symboles de fertilité tels que des fleurs et des fruits.
Selon d’autres textes, elle est décrite comme une fille de Rê ou de Ptah dans la version égyptienne de son mythe, où elle est introduite sous les Ramessides. Astarté est aussi considérée comme l’une des compagnes de Seth, le dieu égyptien du chaos, renforçant ainsi son caractère belliqueux et protecteur.
II. Les associations de cette divinité
Quand de nombreuses divinités se définissent grâce aux attributs qui les accompagnent, Astarté se démarque en se dépouillant de tout symbole. Elle se caractérise davantage par le parallélisme de ses fonctions avec les autres religions et peuples.
- Ishtar en Mésopotamie,
- Inanna en Sumer,
- Isis en Egypte
- Aphrodite en Grèce,
- Turan en Étrurie,
- Vénus à Rome,
- Tanit chez les Carthaginois…
Dans la mythologie égyptienne, on l’associe volontiers à Baal. Elle endossait un rôle de protectrice du souverain, des marins, tout en étant associée à la fertilité et à la fécondité. Astarté était considérée à la fois comme une déesse vierge et une déesse mère, ce qui se reflétait dans son culte. Son temple à Palé-Paphos était célèbre dans toute la région dès l’époque d’Homère.
III. Des traces de son culte jusque dans la Bible
Le culte d’Astarté était strictement interdit dans la Bible, en vertu de la loi de Moïse qui proscrivait la présence de poteaux sacrés en bois près de l’autel de Jéhovah (Deutéronome 16.21). Néanmoins, malgré cette interdiction, le culte d’Astarté persistait. Salomon, par exemple, sous l’influence de ses épouses étrangères, a rétabli ce culte dans son royaume.
Le culte d’Astarté s’est ensuite propagé davantage sous l’influence de la reine Jézabel, avec les 400 prophètes d’Astarté qui étaient invités à la table royale. Plusieurs luttes contre ce culte ont été menées par des figures bibliques telles que Gédéon, le roi Asa et le roi Josias.
Sa réputation de « maîtresse des batailles » lui confère une certaine aura dans les textes. La Bible mentionne un passage sur la vieillesse du roi Salomon. Quand ce dernier fut vieux, ses femmes se détournèrent vers d’autres dieux et le coeur de Salomon ne fut plus dévoué tout entier à Yahvé son Dieu, comme avait été celui de son père David. Salomon suivit la divinité des Sidoniens, et Milkom, l’abomination des Ammonites. Plus tard, Josias se chargea de détruire les lieux de culte d’Astarté.
IV. Son rôle dans le panthéon égyptien
Astarté a été intégrée en tant que déesse de la guerre et de la protection des souverains. Représentée à cheval, une iconographie empruntée à ses racines levantines, elle accompagne souvent les pharaons dans leurs batailles. En Égypte, son rôle de protectrice du roi et de la dynastie est prédominant.
Elle veille également sur les marins et les navigateurs, un lien symbolique avec son association à la mer et à la Lune dans d’autres cultures du Proche-Orient. En tant que divinité astrale, elle porte des symboles comme l’étoile ou le croissant de lune sur sa couronne.
Astarté est également associée à la fertilité, bien que cet aspect ait été moins prononcé dans son culte égyptien. Sa puissance guerrière se manifeste à travers son iconographie, où elle est souvent représentée armée, parfois avec des cornes symbolisant sa force divine. Elle intervient aussi dans les récits mythologiques en tant que déesse capable de protéger les dieux contre les menaces, comme le montre sa confrontation avec Yam, la mer divinisée, dans un mythe égyptien fragmentaire.
VI. L’influence d’Astarté sur la culture
En plus de la Bible, nous retrouvons son noms dans certaines sources de la littérature:
- Rimbaud mentionne Astarté comme une déesse immortelle dans « Soleil et Chair ».
- Dans « Zadig ou la destinée » de Voltaire, Astarté est une ancienne reine de Babylone réduite à l’esclavage, retrouvant son amour pour Zadig.
- Dans « Les Lettres persanes » de Montesquieu (lettre 67), Astarté est la sœur et l’amante du Guèbre Asphéridon, convertie de force à l’Islam, puis mariée à un eunuque, avant de s’échapper avec l’aide de son frère.
- Dans « L’Homme qui rit » de Victor Hugo, la duchesse Josiane est décrite comme « une Astarté possible dans une Diane réelle ».
Le culte d’Astarté est vaste et traverse plusieurs civilisations. En Égypte, il est probable que son culte ait été introduit via les Hyksôs et les contacts militaires et commerciaux avec le Levant. Des temples lui étaient dédiés, notamment près des zones côtières, témoignant de son importance pour les marins et les voyageurs. Elle partage de nombreuses caractéristiques avec d’autres déesses comme Hathor et Isis, et il n’était pas rare de voir ses temples associées à ceux de divinités locales. Le papyrus d’Astarté mentionne son intervention dans un mythe égyptien, où elle s’oppose à Yam, dieu des mers, renforçant sa position de déesse protectrice (Astarté intervient pour protéger les autres dieux contre Yam, le dieu de la mer, qui exige des tributs exorbitants. Astarté est envoyée pour négocier ou contrer ces revendications). Elle est également vénérée sous la forme d’une pierre noire dans des cultes plus anciens, notamment à Paphos, en tant que figure de fertilité et de sexualité, un héritage de ses racines levantines.