Dans les profondeurs mystérieuses de la mythologie égyptienne se trouve un personnage qui incarne les forces obscures de l’univers : Apophis, également connu sous le nom d’Apep. Nous vous invitons à découvrir aujourd’hui le dieu égyptien du chaos. Découvrez les histoires légendaires qui entourent Apophis et sa place dans le panthéon égyptien.

I. Qui est Apophis ?
Le dieu du chaos a une origine mystérieuse qui remonte aux premiers temps de la création selon la mythologie égyptienne. On dit qu’il est né du mélange primordial des eaux du Nil avec les ténèbres du monde souterrain. En tant que force destructrice, Apophis est souvent représenté comme un serpent géant ou un dragon noir, symbolisant les forces du mal et du désordre.
A. L’origine de Apophis
Apophis, également appelé Âpep en égyptien ancien, est l’incarnation des forces primordiales du chaos et des ténèbres. Sa genèse remonte aux récits mythologiques des Textes des Sarcophages et du Livre des Morts. Selon certaines traditions, il émergea des eaux tourbillonnantes du Noun, l’océan primordial. Dans une variante, il est décrit comme le « crachat de Neith », une déesse créatrice qui, en façonnant le monde ordonné, donna vie à ce serpent gigantesque. Apophis incarne la dualité inhérente à l’univers égyptien : sans chaos, l’ordre cosmique ne pourrait exister. Ainsi, bien qu’il soit un ennemi des dieux, sa présence est essentielle à l’équilibre universel.
B. Son rôle dans la mythologie égyptienne
Il est un personnage central dans le mythe de la création égyptienne. Il représente la lutte constante entre l’ordre et le chaos, entre les forces du bien et du mal. Apophis est considéré comme l’ennemi juré du dieu solaire Rê et de la déesse de l’ordre et de la vérité, Maât. Sa tâche principale est de perturber l’équilibre cosmique et de semer le chaos dans l’univers.
C. Représentations d’Apophis
Dans l’art égyptien, Apophis est généralement représenté sous la forme d’un serpent colossal, souvent enroulé, mesurant entre 80 et 200 mètres (les textes divergent sur sa taille). Ses images symbolisent le désordre et la menace constante pesant sur l’ordre divin. On le retrouve fréquemment démembré, transpercé de flèches ou en proie au chat solaire de Rê, incarnant Bastet, qui le décapite avec un couteau. Ces scènes figurent notamment dans le Livre des Morts et le Livre des Portes. Certaines représentations montrent les dieux et les esprits des morts unis pour entraver Apophis à l’aide de filets ou le frapper avec des lances. Les images d’Apophis montrent généralement son corps enroulé autour de Rê, prêt à l’attaquer et à plonger le monde dans les ténèbres.
II. Les légendes qui lui sont attachées
Apophis, incarnation du chaos et ennemi juré de Rê, est au cœur de nombreuses légendes mettant en scène sa lutte incessante contre les forces de l’ordre cosmique. Chaque nuit, le serpent gigantesque attend l’arrivée de la barque solaire dans le Noun, l’océan primordial, pour tenter d’empêcher son passage et d’annihiler la création. À travers diverses stratégies, il cherche à immobiliser la barque : avaler les eaux pour former des bancs de sable, provoquer des remous dévastateurs ou engloutir le navire divin. Mais les dieux présents sur la barque, aidés par les esprits des morts, repoussent toujours ses assauts.
Seth, à la fois protecteur et chaotique, harponne Apophis, tandis qu’Isis, grâce à sa magie, prive le serpent de ses sens pour le désorienter. Rê lui-même, sous forme d’un chat ou d’un lion divin, intervient directement en décapitant le serpent avec un couteau. Ces batailles symboliques illustrent le triomphe quotidien de la lumière sur les ténèbres, marquant chaque lever de soleil comme une victoire de l’ordre cosmique.
Une autre légende rapporte qu’Apophis, dévoreur d’âmes, représentait une menace pour les morts autant que pour les vivants. Les esprits des défunts étaient appelés à participer à sa mise à mal, renforçant ainsi l’idée que tous, dieux et hommes, vivants et morts, devaient s’unir pour maintenir l’équilibre de la Maât. Si une éclipse solaire survenait, on y voyait une victoire temporaire d’Apophis, soulignant la fragilité de l’ordre cosmique et la nécessité d’un combat éternel contre le chaos.
III. Ses amours et sa descendance
Vu la personnalité antipathique de cette divinité, vous ne serez pas surpris d’apprendre que peu de textes le lient de près ou de loin à d’autres dieux et déesses égyptiennes. On ne lui prête aucune descendance, du moins directe. Des textes font des liens de filiation entre Apophis et certaines créatures monstrueuses et dévastatrices de leurs récits mais cela leur sert juste à appuyer sur le côté « horreur » de la créature rencontrée.
Apophis n’a jamais bénéficié d’un culte en tant que divinité vénérée, mais il était au centre de nombreux rituels apotropaïques visant à protéger le monde de son influence. Les prêtres exécutaient des rites tirés des Livres du Renversement d’Apophis, dont des instructions précises incluaient cracher sur des effigies du serpent, les piétiner, les transpercer avec des lances, ou les brûler. Ces pratiques étaient destinées à soutenir Rê dans sa lutte quotidienne. Un rituel annuel, appelé le « bannissement du chaos », impliquait la destruction publique d’une image d’Apophis, garantissant ainsi la stabilité du cosmos pour une année supplémentaire.