Remise au goût du jour avec la célèbre série Kaamelott, la légende du Roi Arthur va plus loin que le mythe d’Excalibur ou celui de la Table Ronde. Redécouvrez aujourd’hui comment Arthur, un jeune homme d’origine humble, rencontra son destin royal.
I. Origines d’Arthur
Dans les récits médiévaux, le roi Arthur, ou Arthur Pendragon, est présenté comme un noble breton ayant orchestré la résistance des peuples celtes des îles Britanniques et de la Bretagne armoricaine contre les envahisseurs germaniques à la fin du Vème siècle ou au début du VIème siècle. Son histoire et surtout ses origines demeurent assez floues : des récits contradictoires peuplent les poèmes et les contes en langue galloise, qui ont servi de base pour retracer les faits marquants de la vie de ce personnage.
Arthur, fils d’Uther Pendragon, roi des Bretons, et d’Igraine (ou Ygerne), veuve de Gorlois (ou Gorlais), duc des Cornouailles, est également le frère d’Anna (Morgause), qui est l’épouse du roi Loth d’Orcanie, ainsi que de la fée Morgane. Il contracte mariage avec Guenièvre, la fille de Léodagan, roi de Carmélide. Certaines sources lui attribuent la paternité de Lohot et de Mordred, ce dernier étant issu d’une relation incestueuse avec sa demi-sœur.
Bien que les thèmes, les événements et les personnages de la légende arthurienne varient considérablement d’un texte à l’autre, la Historia regum Britanniae a jeté les bases de la plupart des récits ultérieurs. Geoffroy de Monmouth présente Arthur comme un souverain ayant érigé un empire englobant toute l’île de Bretagne, ainsi que l’Irlande, l’Islande, la Norvège, le Danemark et une grande partie de la Gaule. De nombreux éléments désormais emblématiques de l’histoire d’Arthur, tels que son père Uther Pendragon, Merlin l’Enchanteur, l’épée Excalibur, sa naissance à Tintagel, sa dernière bataille contre Mordred à Camlann et sa retraite à Avalon, sont introduits dans la Historia regum Britanniae.
Au XIIème siècle, Chrétien de Troyes (oui, Chrétien est bien le prénom 🙂), écrivain français, enrichit le récit en introduisant des personnages tels que Lancelot du Lac et le Saint Graal, contribuant ainsi à la création du genre de la romance arthurienne, qui devient un pilier de la littérature médiévale. Cette
Quant à l’origine du nom Arthur, il est étymologiquement lié au terme celtique pour l’ours, « artos », évoquant à la fois l’animal et le guerrier. Ce nom symbolise la force, la stabilité et la protection, qualités inhérentes à sa légende. Bien que l’ours ait été l’animal emblématique de la royauté dans la civilisation celtique, le lion prend cette place à l’époque de l’émergence de la légende arthurienne.
II. Le mythe d’Excalibur
A. L’histoire d’Excalibur
À cette époque, le trône du royaume de Bretagne demeurait vacant et suscitait la convoitise de nombreux nobles, engendrant ainsi de fréquentes batailles pour sa possession. Face à cette discorde, le magicien Merlin convoque les barons du royaume à Logres pour la veille de Noël. Pendant la nuit, un bloc de pierre carré apparaît mystérieusement, portant une enclume dans laquelle est enfoncée une épée. Sur la lame est gravé un message stipulant que celui qui parviendrait à la retirer deviendrait le roi de toute la Bretagne. Personne ne réussit, à l’exception du jeune Arthur.
Une autre variation met en scène la Dame du Lac ou fée Viviane. L’épée aurait été donnée par la première Dame du Lac, qui aurait précédé Viviane. L’épée, retirée de la stèle de granit, aurait été précédemment brisée dans un combat contre le roi Pellinor, le père de messire Lamorak et de Perceval le Gallois.
Pour obtenir l’épée, Arthur fait une promesse à la Dame du Lac mais ne la tient pas, ce qui conduit à la décapitation de celle-ci sous ses yeux dans son château. Merlin interroge alors Arthur : « Qu’est-ce qui est le plus précieux, l’épée ou le fourreau ? » Arthur répond : « L’épée, bien sûr. » Mais Merlin lui rétorque : « Faux, c’est le fourreau, car tant que tu le posséderas, tes ennemis ne pourront te tuer. »
À la mort d’Arthur, l’épée est jetée dans un lac magique par Bedivere. Dans « La Mort du Roi Arthur », une main (de la Dame du Lac ???) surgit alors du lac et s’empare de l’épée.
B. Le symbole
Elle brille parfois de joyaux et d’or ciselé, d’autres fois elle est décrite comme sobre et épurée, une éclatante lame d’argent… Qu’on l’appelle Caliburn, Caledfwlch, Escalibor ou Excalibur, l’épée du roi Arthur demeure le symbole le plus emblématique de la légende arthurienne. Elle éblouit aussi, car entre les mains du roi, « elle brille plus fort que trente torches ». Cet artefact s’inscrit dans la lignée des héros choisis par les dieux pour guider et protéger les hommes à l’aide d’armes surnaturelles : d’Achille à Siegfried, de Charlemagne à Roland…
Dès qu’il reçoit Excalibur, Arthur comprend qu’il n’en est que le gardien temporaire, pas le véritable propriétaire. Seul lui et son neveu bien-aimé, Gauvain, ont le privilège de la manier. Même lorsqu’il est contraint de tout mettre en jeu, Arthur exclut de la transaction la Reine, pour la protéger, et Excalibur, car, comme il le dit, l’épée ne lui appartient pas.
La symbolique entourant Excalibur dépasse largement sa simple apparence physique. Elle incarne l’idée que le pouvoir véritable réside dans la capacité à exercer le contrôle et la protection avec sagesse. Ainsi, Arthur ne se considère pas comme le propriétaire absolu de l’épée, mais plutôt comme son gardien, responsable de l’utiliser au service de son royaume et de ses idéaux.
III. Les Chevaliers de la Table Ronde, la quête du Saint Graal…
La Table Ronde, symbole central des légendes arthuriennes, trône à Camelot, siège de la cour du Roi Arthur. Merlin l’Enchanteur avait révélé à Arthur la nécessité de réunir une assemblée des plus valeureux chevaliers pour qu’ils entreprennent la quête du Graal (entre autre, parmi les autres quêtes menées individuellement par ces chevaliers affichant leurs vertus). Elle incarne le principe d’égalité et de fraternité entre ces chevaliers, tous élus sur la base de leurs mérites (une table ronde ne donnait pas l’honneur à l’un d’entre eux de la présider, comme les tables traditionnelles). Pour éviter toute hiérarchie, le siège réservé au roi est attribué au hasard parmi les derniers. Outre son rôle de rassemblement des meilleurs chevaliers du royaume, cette table est destinée à accueillir le Graal lorsqu’il sera retrouvé.
Tous les chevaliers appelés à siéger à cette table ont été identifiés, à l’exception d’un seul. Celui qui ose s’asseoir dans le siège vacant sans y avoir été élu est englouti par la terre, d’où le nom de « siège périlleux ». Cette notion semble être un ajout chrétien tardif, où seul le plus pur peut s’asseoir. Dans la légende celtique, c’est Lancelot du Lac qui découvre le Graal, mais son adultère avec Guenièvre le rend impur selon la vision chrétienne. C’est Galaad qui trouve finalement le Graal, le ramène à la Table Ronde et s’assoit dans le siège périlleux. Ce retour du Graal marque la fin des Temps Aventureux, de la quête. Les chevaliers de la Table Ronde doivent fidélité à leur roi et au Graal. Selon d’autres versions, le Graal, une fois trouvé, est emporté en Palestine, ce qui fait disparaître les enchantements et maléfices menaçant la Bretagne, de même que les pouvoirs de Merlin l’Enchanteur. Excalibur, l’épée du roi, est rendue à la Dame du Lac. Cette conclusion met en lumière les conséquences des actes trompeurs d’Uther Pendragon, qui ont engendré Arthur (la boucle est bouclée, Arthur disparait avec l’épée qui était censée délivrer la Bretagne du mal). La disparition de la magie entraîne ainsi ici la responsabilité des hommes face à leurs actions.
Les principaux protagonistes, tels qu’Arthur, Merlin, Lancelot du Lac, Guenièvre, sont régulièrement présents, accompagnés d’une multitude de personnages secondaires tels que Gauvain, Mordred, la fée Morgane, Viviane, …
IV. Lancelot du Lac, Guenièvre et leur trahison
Guenièvre est à peine évoquée dans les chroniques, son personnage prenant de l’ampleur à partir du XIIe siècle dans la littérature, notamment chez Chrétien de Troyes, qui répond peut-être aux attentes d’un public noble, intéressé par des figures féminines plus développées. Guenièvre apparaît parfois comme un personnage négatif, faible ou opportuniste, tandis que d’autres fois elle est présentée comme une dame vertueuse mais tragiquement liée au destin.
Les intrigues impliquant Guenièvre varient dans les détails à travers le cycle. En résumé, elle est la fille du roi Léodagan, un des premiers partisans d’Arthur. Lorsque ce dernier vient à son secours, il tombe amoureux d’elle et ils se marient. Cependant, à l’arrivée de Lancelot du Lac à la cour, une liaison adultère naît entre lui et Guenièvre. Cette liaison est découverte plus tard par Arthur, qui surprend les amants ensemble lors d’un festin. Sous la pression d’Agravain et de Mordred, fils et beau-fils du roi Lot, Arthur est contraint de condamner Guenièvre au bûcher pour adultère. Lancelot promet de la sauver et, avec l’aide de sa parentèle, il réussit à la libérer. Toutefois, lorsqu’Arthur part en campagne en France, confiant Guenièvre à Mordred, ce dernier trahit le roi en tentant de s’emparer du trône et d’épouser Guenièvre. Cette dernière, selon les versions, accepte son sort ou fuit pour se réfugier dans un couvent. Apprenant cela, Arthur retourne en Bretagne, où il affronte Mordred à Camlann et le tue, mais lui-même est mortellement blessé. Guenièvre, après une dernière rencontre avec Lancelot pour lui dire adieu, se retire dans un couvent où elle termine ses jours.
V. La mort du Roi Arthur
Le Dernier Combat d’Arthur, la Bataille de Camlann, fut le théâtre de sa chute face aux forces de Mordred. Certaines versions racontent que Mordred était un chevalier de la Table Ronde et le fils incestueux d’Arthur et de sa sœur Morgane, ou peut-être de sa demi-sœur Morgause. Grièvement blessé lors de cette bataille, le Roi Arthur fut transporté à Avalon (Pourquoi Avalon? Il s’agirait tout simplement de l’endroit où Excalibur fut forgée et où résidait la fée Morgane). Là-bas, certains récits affirment que ses blessures furent soignées, tandis que d’autres suggèrent que son corps fut enterré dans une chapelle. Il existe également des textes affirmant qu’il n’est pas mort mais qu’il s’est retiré dans le mystérieux monde insulaire d’Avalon, dans un état de dormition, attendant le jour de son retour. Les revendications sur l’emplacement d’Avalon sont nombreuses, allant de Glastonbury dans le Somerset, en Angleterre, à l’île d’Avalon près de Pleumeur-Bodou dans les Côtes-d’Armor, en passant par Burgh by Sands et l’ancienne forteresse Aballaka du Mur d’Hadrien en Cumberland, à l’embouchure de l’Eden.
La littérature médiévale, dont Arthur est l’un des principaux protagonistes, prospère au Moyen Âge avant de décliner en importance par la suite, pour retrouver un regain d’intérêt au XIXe siècle. Même au XIXème siècle, le roi Arthur continue d’être une figure centrale dans la littérature et les arts, apparaissant dans des adaptations scéniques, au théâtre, au cinéma, à la télévision, dans les bandes dessinées et d’autres médias.