Représentation de Morrigan, divinité de la mythologie celtique - AI generated

Sur les champs de bataille, une présence mystérieuse se profile parmi les guerriers celtes. Morrigan, la déesse irlandaise aux multiples facettes, veille sur les destinées des guerriers, inspire la terreur et suscite des passions ardente. Connue sous divers noms tels que Morrigane, Morrígu, Morgan, la Grande Reine ou encore la Reine Fantôme, elle est associée à Badb et Macha en tant que déesse de la guerre, ou parfois à Nemain, dans certains récits médiévaux. Découvrons ensemble les légendes qui entourent ce personnage celte mythique.

Représentation de Morrigan, divinité de la mythologie celtique - AI generated

I. Morrigan, la déesse de la guerre

Les origines de Morrigan remontent aux racines les plus anciennes de la mythologie celtique. Fille d’Ernmas des Tuatha Dé Danann, elle est unie au dieu-druide Dagda. Parfois représentée sous la forme d’un vol de trois corneilles ou d’un corbeau, Morrigan est aussi interprétée comme la personnification de l’Aurore. Elle se déplace sur les champs de bataille dans un char rouge tiré par un cheval rouge à une jambe. Bien qu’elle soit appelée déesse guerrière, Morrigan ne se distingue pas principalement par ses compétences au combat, mais plutôt par sa capacité à qualifier les héros. Elle prend diverses formes animales pendant les guerres et pour l’invoquer, il est nécessaire de croasser. Parmi ses nombreux pouvoirs, elle peut inspirer la peur ou le courage aux guerriers.

Elle est associée à ses sœurs Badb et Macha, partageant avec elles des fonctions similaires, ce qui conduit souvent les spécialistes à les considérer comme équivalentes. Morrigan était souvent associée à trois aspects différents, chacun représentant un aspect différent de la guerre. En tant que Macha, elle était la déesse de la bataille sur le champ de bataille, inspirant la fureur et la bravoure aux guerriers. En tant que Badb, elle était la messagère de la mort, annonçant les pertes et inspirant la peur aux ennemis. Et en tant que Nemain, elle incitait à la discorde et à la confusion parmi les troupes adverses.

II. Le cycle d’Ulster ou la Mort de Cúchulainn

L’une des histoires les plus emblématiques de la Morrigan est relatée dans le Cycle d’Ulster, une compilation de légendes dépeignant Cúchulainn comme l’un des grands héros de l’Irlande du Ier siècle. Ces récits se concentrent souvent sur les raids de bétail menés par les dirigeants locaux des royaumes irlandais, où le bétail symbolisait à la fois richesse et pouvoir. Avant l’un de ces raids, notre héro rencontre une femme dans la forêt qui chasse une génisse. Il la méprise, l’accusant de vol. Elle se transforme alors en un oiseau noir, révélant être la Morrigan. Cúchulainn reconnaît son erreur mais la Morrigan lui prédit qu’il en paiera le prix.

Avant un autre raid, la Morrigan propose son amour à Cúchulainn, mais il la rejette. En représailles, elle prend les formes d’une anguille, d’un loup et d’une vache, comme elle l’avait annoncé. Malgré cela, Cúchulainn survit au raid et parvient même à blesser la Morrigan dans chacune de ses formes. Peu après, une vieille femme offre trois verres de lait à Cúchulainn, guérissant ses blessures à chaque bénédiction. Cette femme s’avère être la Morrigan déguisée, rappelant à Cúchulainn son serment de ne jamais le guérir. Reconnaissant son erreur, Cúchulainn regrette ses bénédictions.

Avant son ultime bataille, Cúchulainn rencontre de nouveau la Morrigan, cette fois sous les traits d’une sorcière âgée, lavant ses vêtements ensanglantés dans la rivière. À la fin de la bataille, mortellement blessé, Cúchulainn se lie à une pierre debout pour mourir en position debout, accueillant la visite d’un corbeau sur son épaule avant de rendre son dernier souffle.

III. Son culte

Dans l’Antiquité, il est probable qu’il y ait eu des cultes dédiés à Morrigan à des moments spécifiques, comme lors de batailles ou d’événements historiques importants, conformément aux pratiques religieuses de l’époque. Ces cultes auraient pu inclure des dévotions liées à la souveraineté, aux batailles et aux rituels funéraires. Toutefois les détails sur ces cultes demeurent largement inconnus, ne laissant place qu’à des suppositions.

Les autels dédiés à Morrigan étaient généralement simples, consistant en un trou dans lequel des offrandes étaient déposées et recouvertes de terre. Ces offrandes pouvaient parfois inclure des corps, des têtes coupées et des crânes d’ennemis tués au combat, témoignant ainsi du respect pour la bravoure des adversaires tombés. Des offrandes plus traditionnelles, telles que des butins de guerre, des armes, des armures ou des bijoux, étaient également déposées en tant que déesse de la guerre. Certains symboles associés à Morrigan, comme les plumes noires évoquant les corbeaux ou les fourrures représentant son lien avec les loups et les animaux sauvages, pouvaient également être offerts en sacrifice.

Les Celtes avaient un rituel funéraire spécial pour les guerriers, consistant à laisser leurs corps sur le champ de bataille pour être dévorés par les corbeaux, considérés comme des incarnations de Morrigan. Selon leur croyance, Morrigan se nourrissait des corps des guerriers tombés au combat et emportait leur âme guerrière avec elle dans le ciel pour rejoindre les dieux. Ce rituel était hautement sacré car il honorait à la fois le courage des morts au combat et sanctifiait leur sacrifice. En plus des sacrifices humains, les Celtes offraient également des animaux, en particulier des chevaux morts au combat avec leur cavalier, aux déesses de la guerre.

IV. Morrigan et les guerres célèbres

Morrigan était une observatrice constante des conflits celtiques, intervenant souvent de manière décisive. Lors de la deuxième bataille de Mag Tuired (ou Moy Tura, dans d’autres textes), elle prédit le destin des guerriers et utilisa ses pouvoirs pour assurer la victoire des Tuatha Dé Danann contre les Fomoires. Sa capacité à influencer le cours des batailles en faisait une figure incontournable dans les guerres celtiques.

Cette était souvent représentée sous deux formes contrastées : parfois, une jeune femme d’une beauté remarquable, parfois, une vieille femme au visage déformé, évoquant le rire empreint de malveillance. Sa nature multifacette se reflétait ainsi dans ses multiples apparences. A travers les siècles, elle endossa une image de déesse de la sexualité qui ne lui était sûrement pas méritée: son aura et le mystère qui l’entourait ont fortement contribué à cette image dénaturée de la déesse.