Dans les méandres des mythes celtiques se cache une figure mystérieuse : Modron. Cette déesse, souvent méconnue du grand public, occupe pourtant une place centrale dans de nombreuses légendes celtes. Entre histoires d’amour, descendance illustre et participation légendes celtes, plongeons dans l’univers de Modron et démêlons ensemble les fils de son récit.

I. Origines et Signification
Modron est une figure majeure de la mythologie celtique galloise, incarnation de la Terre-Mère et archétype de la déesse nourricière. Son nom dériverait de la déesse gauloise Dea Matrona, ce qui l’associe à la fertilité, à la maternité divine et aux cycles naturels.
Elle est la fille d’Afallach, souverain de l’Autre Monde, ce qui ancre son origine dans une dimension surnaturelle. Modron est également liée à la symbolique des oiseaux, notamment l’hirondelle, messagère entre les mondes. Dans certaines sources, elle est comparée à Rhiannon, autre figure maternelle marquée par la perte de son enfant, ou encore à la fée Morgane, avec qui elle partage le rôle d’enchanteresse souveraine d’un monde invisible. Elle incarne ainsi la puissance de la femme régénératrice et la sagesse ancestrale liée aux profondeurs de la terre.
II. Les légendes qui entourent Modron
La légende la plus célèbre associée à Modron apparaît dans le conte Culhwch ac Olwen, où son fils Mabon est enlevé à l’âge de trois jours. Cette disparition inexpliquée plonge Modron dans la douleur, et la quête de son fils devient l’un des grands épisodes du cycle arthurien gallois. La récupération de Mabon, héros caché dans l’Autre Monde, mobilise des figures comme Kai et Bedwyr, qui le retrouvent grâce à la sagesse du Saumon de Llyn Llin.
Par ce récit, Modron est représentée comme une mère cosmique dont l’enfant, disparu dans l’ombre, symbolise la lumière capturée qu’il faut ramener au monde.
Dans un autre épisode moins connu mais significatif, pour venir en aide à son fils en détresse, elle se manifeste sous la forme de neuf corbeaux, messagères magiques qui sont autant d’émanations d’elle-même. Ce geste protecteur renforce sa nature divine.
III. Amours et Descendance
Comme nous l’avons vu, Modron est la mère du héros Mabon ap Modron, dont le nom signifie littéralement « le fils de Modron », et qui est l’équivalent gallois du dieu gaulois Maponos, divinité de la jeunesse et de la lumière. Dans les triades galloises, elle est également mentionnée comme la mère des jumeaux Owain et Morfydd, issus de son union avec Urien de Rheged, roi légendaire du nord de la Bretagne. Bien que ces filiations ne soient pas toujours explicites dans les textes anciens, elles renforcent son rôle de mère fondatrice, source de lignées héroïques.
Par ses enfants, Modron relie les mondes divins, mythologiques et humains : Mabon, fils prodigue ramené de l’obscurité, représente l’enfant solaire et le cycle de renaissance, tandis qu’Owain et Morfydd prolongent la lignée royale et magique.
Modron, bien que moins connue que certaines divinités celtiques, continue d’exercer une influence dans la culture contemporaine, notamment dans les traditions néo-païennes, où elle est célébrée comme une incarnation de la Déesse-Mère universelle. Elle inspire des figures féminines puissantes dans la littérature, comme Morgane dans le cycle arthurien, dont elle pourrait être l’ancêtre mythologique. Son rôle de mère d’un dieu solaire enlevé, puis sauvé, trouve des échos dans des récits modernes explorant la maternité divine, les cycles de perte et de renaissance, et la connexion entre les mondes. Son fils Mabon a donné son nom à l’équinoxe d’automne, fête païenne célébrée aujourd’hui dans de nombreux cercles druidiques.