Représentation de Merlin, personnage de la mythologie celtique - AI generated

Quel personnage de la mythologie celtique peut se vanter d’être à l’origine d’autant de légendes, si ce n’est Merlin? De ses origines mystérieuses à son destin en passant par ses qualités de magiciens et conseiller du royaume, il captive l’imagination des gens depuis des siècles. Préparez-vous à être ensorcelé par les récits envoûtants de ce héros mythique 😉

Représentation de Merlin, personnage de la mythologie celtique - AI generated

I. Les origines mystérieuses de Merlin

L’Historia Brittonum le décrit brièvement comme un « enfant sans père ». D’autres versions nomment sa mère Adhan, mais l’identité de son père reste évasive. Philippe Walter émet l’hypothèse qu’il pourrait s’agir originellement d’un démon marin ou d’un « vieux de la mer », transformé en incube dans les versions ultérieures de la légende. Les prophéties galloises le mentionnent sous le nom de « Merlin fils de Morfryn », sans plus de précisions.

Ainsi, Merlin pourrait être le fils d’un incube aux traits à la fois humains et angéliques, ayant pris forme humaine pour séduire une femme vierge. On le décrit comme un cambion, engendré par une union entre une femme humaine et un démon, héritant de pouvoirs surnaturels.

Sa mère, sœur d’une prostituée, consciente du danger, suit les conseils de son confesseur Blaise pour éviter le mal. Malgré ses précautions, un moment d’oubli lui coûte cher, permettant au démon de concevoir Merlin. Dès sa naissance, couvert de poils, il montre des signes de sa nature complexe : des visions du passé offertes par son père diabolique et un don de prophétie concernant l’avenir, grâce à la bénédiction divine sur sa mère.

Dans certains textes de la légende arthurienne, on présente une naissance différente, avec le diable se manifestant sous les traits d’un bel homme. À l’opposé, il est parfois évoqué un viol par un homme sauvage. Les auteurs modernes relient également Merlin à l’Atlantide, suggérant une ascendance royale et mystique, voire une origine marquée par un tragique viol incestueux.

Toutes ces histoires tentent surtout d’expliquer la complexité du personnage.

II. Des Merlins?

L’histoire de la tour de Vortigern, qui s’effondrait sans cesse, trouve écho dans de nombreux récits. Toutefois, dans l’une de ces versions, ce n’est pas Merlin mais Ambroise, un jeune homme d’origine romaine, qui est l’enfant né sans père et qui révèle la présence d’un lac souterrain peuplé de deux dragons antagonistes : un blanc, représentant les Bretons, et un rouge, symbolisant les Anglo-Saxons. Leur affrontement nocturne serait la cause de la destruction répétée de la tour.

Ce personnage d’Ambroise figure dans de nombreux écrits à travers les époques, souvent décrit de manière plus réaliste que Merlin. Ambroise serait, pour certains, fils d’un magistrat romain et d’une vestale, naît en Bretagne vers 470-480. Lorsque sa famille échappe à une punition mortelle, le surnom ou titre de Marzin, puis de Merlin, lui est conféré. C’est sous ce nom qu’il affronte l’invasion des barbares anglo-saxons menée par le roi Vortigern, qui trahit son peuple.

D’après Gildas le Sage, un breton du VIème siècle, Ambrosius Aurelianus, de descendance royale (peut-être romaine?), repousse les envahisseurs aux côtés des Bretons survivants. Après douze années de combats, une paix de quarante ans s’instaure, divisant les Bretons en deux groupes insulaires et une faction émigrée sur le continent. On le décrit comme un guerrier ayant régné sur la Bretagne et vainqueur des Anglo-Saxons avec l’aide du général Arthur. Geoffroy de Monmouth fusionne, quant à lui, les figures d’Ambroise et de Merlin, attribuant à ce dernier des éléments légendaires propres à la Bretagne.

III. Son apprentissage de la magie et ses pouvoirs

Souvent associé à des éléments de chamanisme eurasiatique, Merlin était capable de se transformer en oiseau ou encore de faire preuve de prophétisme. (L’idée d’un « chamanisme celtique » reste un sujet de débat parmi les experts). Selon certains chercheurs, Merlin pourrait avoir évolué d’un roi guerrier à une figure plus spirituelle, semblable aux divinités celtes et indo-européennes capables de métamorphose.

D’autres le voient comme un avatar de Cernunnos, divinité de la nature, faisant écho aux créatures des forêts et à la figure de l’Homme sauvage, car bien évidemment ce personnage était fortement connecter à la forêt et la nature en général (forte connexion aux loups).

Merlin est également reconnu pour ses talents magiques, incluant la capacité de se métamorphoser, de bâtir des structures impressionnantes comme Stonehenge, et d’alterner son apparence entre celle d’un enfant et d’un vieillard, reflétant son rôle de sage et de farceur. Son rire dément pouvait le caractériser dans certains écrits.

IV. Ses faits de guerre

A. Son rôle auprès du roi Arthur

L’une des histoires les plus intrigantes de la vie de Merlin est sa participation à la conception du roi Arthur lui-même. Selon certaines versions de la légende, Merlin a joué un rôle déterminant dans la conception d’Arthur en conseillant Uther Pendragon, le père d’Arthur, sur la manière de séduire Ygraine, la mère d’Arthur. Grâce à sa magie, Merlin a permis à Uther de se métamorphoser en l’apparence du mari d’Ygraine, permettant ainsi la naissance d’Arthur, qui allait devenir le plus grand roi de Grande-Bretagne.

Merlin revient au devant de la scène en se présentant à Arthur et en orchestrant la découverte de l’épée Excalibur, symbole du pouvoir royal. Par la suite, il conseille le jeune roi dans ses décisions politiques et militaires. Sans l’influence de Merlin, l’ascension d’Arthur au trône n’aurait jamais eu lieu.

B. Son rôle dans la quête du Graal

Merlin intervient également dans la quête du Saint Graal, l’une des aventures les plus célèbres de la légende arthurienne. Selon certains récits, il a été le mentor de Perceval, l’un des chevaliers de la Table Ronde chargés de trouver le Graal. Merlin a transmis à Perceval des conseils et des prophéties qui l’ont guidé dans sa quête, lui permettant d’affronter les dangers et les épreuves avec courage et sagesse.

V. La sagesse derrière la légende des deux dragons

Le récit débute avec Uther Pendragon, prétendant légitime au trône de Grande-Bretagne, qui se retrouve exilé en Armorique après avoir déjoué une tentative de meurtre. Face à la menace d’une rébellion menée par Uther, Vortigern, l’usurpateur, prend la décision de construire une tour refuge. Pourtant, chaque nuit, des forces mystérieuses ruinent les progrès des constructeurs.

Dans un accès de colère, Vortigern somme ses conseillers de trouver une solution sous peine de mort. Ceux-ci, terrorisés, concluent qu’il faut sacrifier un jeune garçon sans père, âgé de sept ans. Merlin est celui qui correspond à ces critères.

Conduit devant Vortigern, Merlin dévoile déjà ses aptitudes exceptionnelles pour la divination. Il explique que l’échec de la construction de la tour est dû à la présence perturbatrice de deux dragons enterrés en dessous, l’un blanc et l’autre rouge, qui se livrent une bataille acharnée. Le combat s’achève par la mort des deux créatures, un présage que Merlin interprète habilement.

Il prévient Vortigern que le dragon rouge symbolise sa propre chute imminente et que le dragon blanc annonce le retour victorieux d’Uther pour reconquérir son droit au trône. Effrayé par cette prophétie, Vortigern tente vainement de se barricader dans la tour. Uther, armé de conseils stratégiques de Merlin, utilise des flèches enflammées pour assiéger la tour, conduisant à la mort de Vortigern. Cet événement marque le début d’une alliance solide entre Merlin et Uther Pendragon, ce dernier tirant son nom, signifiant « chef des guerriers » ou « tête de dragon », de cet épisode légendaire.

VI. Les amours et la descendance de Merlin

La vie amoureuse de Merlin est complexe, centrée sur son attirance pour des femmes d’une grande beauté. Dans la narration de la Vita Merlini, Merlin est initialement uni à Gwendoline mais développe des sentiments pour sa sœur, Ganieda. Lorsqu’il découvre que Gwendoline le trompe, il réagit de manière spectaculaire en arrivant au palais sur un cerf, accompagné d’animaux de la forêt. Apercevant la scène, Gwendoline rit, ce qui provoque chez Merlin une réaction violente : il tue l’amant de sa femme avec les cornes du cerf.

D’autres textes remplacent le nom de Ganieda par la fée Viviane. Viviane, assimilée à la Dame du Lac, use de ses charmes pour obtenir les secrets de Merlin, qu’elle retourne ensuite contre lui pour l’enfermer. Ce motif de trahison est récurrent : Merlin, séduit, révèle des secrets qui seront utilisés pour le piéger. Dans le Lancelot-Graal, on le dépeint comme un personnage aux intentions ambigües, tandis que Viviane, encore très jeune, cherche à se défendre contre ses avances. La légende contemporaine raconte que Merlin, pour séduire Viviane, construit pour elle un château sous les eaux du lac de Comper, visible seulement par elle.

Morgane, de son côté, n’entretient aucune relation sentimentale avec Merlin, mais apprend de lui l’art de la magie, qu’elle emploie pour entraver les plans d’Arthur et de Lancelot dans les versions ultérieures des légendes arthuriennes.

La fin de la vie de Merlin est entourée de mystère et de légende. Selon certains récits, il aurait été ensorcelé ou piégé par ses propres enchantements, condamné à une existence solitaire et immortelle. Généralement, il n’est pas décrit comme ayant une fin de vie mortelle, mais plutôt comme étant retiré du monde, existant dans un état ni vivant ni mort, souvent confiné dans une prison forestière impénétrable. Dans les traditions galloises, il demeure éternellement dans la forêt, passant ses jours à étudier les astres dans une demeure dotée de soixante-dix fenêtres, en compagnie de sa sœur. D’autres récits mentionnent une tour de cristal ou une retraite avec son confesseur Blaise.

D’autres textes encore le font prisonnier de la fée Viviane, à qui Merlin révèle son destin en racontant la légende de Diane et Faunus. Cette dernière le trahit. Utilisant les secrets qu’il lui confie, Viviane l’enferme éternellement dans son esplumoir, un lieu qui varie entre une chambre d’air, sous un rocher ou dans une grotte, selon les versions. Ue ce soit par amour, par jalousie ou par désir de préserver sa virginité, elle empêche Merlin de protéger le royaume, ce qui entraîne la chute du roi Arthur.