Parmi tous les chevaliers de la Table Ronde, Gauvain se distingue comme le plus généreux, le plus courageux et le plus glorieux. Son rôle auprès du roi Arthur est crucial, parfois utilisant son influence pour obtenir justice et vengeance. Petit-fils d’Uther et fils du roi Loth d’Orcanie, sa mère est la demi-sœur d’Arthur. Il compte parmi ses cousins le roi Hoël de petite Bretagne. Les Gallois le connaissent sous le nom de Gwalch’mai, le faucon de mai, et il partage certains traits avec l’irlandais Cuchulainn. Sa force fluctue avec le soleil, comme le mentionne Chrétien de Troyes. Découvrez aujourd’hui ses légendes.
I. Origines et Jeunesse de Gauvain, neveu du Roi Arthur
Gauvain, fils de Morgause (ou Anna) et du roi Lot, a grandi avec ses frères Agravain, Gaheris et Gareth, tous destinés à devenir chevaliers. En tant que neveu du roi Arthur, Gauvain est l’un des premiers chevaliers de la Table Ronde. Il est réputé pour sa séduction, sa galanterie et toutes les vertus de la courtoisie médiévale, souvent comparé au Don Juan de l’époque.
Son goût pour le risque se manifeste à maintes reprises lorsqu’il entreprend des missions périlleuses, comme sauver une jeune fille captive au château de Montesclaire, rechercher Guenièvre et participer à la quête du Graal.
Au début du règne d’Arthur, Gauvain montre sa loyauté en aidant le roi à réprimer la révolte des seigneurs récalcitrants, allant même jusqu’à défier en duel son propre père, l’un des meneurs de la rébellion. Arthur apprécie tellement Gauvain qu’il en fait son héritier, n’ayant pas d’enfant à ce moment-là.
Cependant, chaque héros a sa faiblesse. Le roi Lot, son père, souhaite le meilleur pour Gauvain et le confie aux soins d’une sorcière qui lui confère une force surhumaine. Cette force fluctue avec le cycle solaire, atteignant son apogée au zénith et diminuant à la nuit tombée, ce qui affectera plusieurs de ses combats.
II. Gauvain et les Quêtes d’Arthur
Bien que moins célèbre que Lancelot et Perceval parmi les Chevaliers de la Table Ronde, ce chevalier a participé à de nombreuses quêtes périlleuses.
Dans la quête du Graal, Gauvain représente le chevalier idéal au sein d’un groupe incluant Galahad, destiné à découvrir le Graal, ainsi que d’autres chevaliers pieux et d’autres encore moins enclins à la piété. Gauvain, malgré ses qualités chevaleresques, connaît des moments de faiblesse où sa courtoisie dégénère en concupiscence et son orgueil en crime. Blessé et rejeté par le monde du Graal, il trouve toutefois une forme de rédemption en posant une question qui fait refleurir la Terre Gaste.
Parmi ses autres exploits, Gauvain libère le « château des reines » de son sortilège mortel. Sa bravoure se manifeste également lorsqu’il affronte Lancelot pour venger l’honneur de la reine Guenièvre.
Plus tard, il reçoit une épée d’Arthur, tranchante et robuste, ayant appartenu à Hercule selon la légende de la Toison d’or.
En tant que neveu favori d’Arthur, Gauvain se voit confier Excalibur pour diverses quêtes. Connu pour son honneur, son courage et sa courtoisie, il incarne un idéal humain, capable de faillir sans devenir inaccessible. Lorsqu’il rencontre le Chevalier Vert lors d’un défi, il accepte de trancher la tête de ce dernier pour laver l’honneur d’Arthur. Ce geste l’entraîne dans une série d’épreuves où il apprend des leçons sur la loyauté et l’intégrité.
III. La légende de Sire Gauvain et du Chevalier Vert
L’histoire commence lors des festivités du Jour de l’an à Camelot, où un gigantesque chevalier vert apparaît soudainement et propose un défi : qu’un chevalier lui donne un coup de hache, en échange de quoi, il rendra ce coup dans un an et un jour. Gauvain relève le défi et décapite le chevalier, qui, à la surprise générale, récupère sa tête et rappelle à Gauvain leur rendez-vous.
Lorsque l’année s’écoule, Gauvain part en quête de la Chapelle verte. Après un long périple dans des terres hostiles, il arrive au château de Haut-Désert la veille de Noël. Le seigneur Bertilak l’accueille et l’assure que la chapelle est proche. Gauvain reste trois jours, durant lesquels Bertilak propose un jeu : chacun doit échanger ce qu’il a gagné dans la journée. Pendant que Bertilak chasse, son épouse tente de séduire Gauvain, qui n’accepte que des baisers. Le troisième jour, elle lui offre une ceinture de soie verte, prétendant qu’elle le protégera de toute blessure, ce que Gauvain accepte sans en parler à Bertilak.
Le jour venu, Gauvain se rend à la Chapelle verte et rencontre le Chevalier vert, qui s’avère être Bertilak, transformé par Morgane la Fée pour tester les chevaliers d’Arthur. Les trois coups de hache représentent les trois jours de tentation, et la légère entaille sur Gauvain est sa punition pour avoir caché la ceinture verte. Gauvain, bien que mortifié, est rassuré par Bertilak et retourne à Camelot avec la ceinture verte comme souvenir. Les chevaliers de la Table ronde décident de porter une écharpe verte en hommage à son aventure.
IV. Son conflit avec Lancelot
Sa relation avec le Roi Arthur prend un tournant sombre lorsque Lancelot, en tentant de libérer Guenièvre, tue accidentellement Gaheris et Gareth. Consumé par la vengeance, Gauvain obtient de Arthur la promesse de guerre contre Lancelot pour venger ses frères. Il va jusqu’à tuer deux cousins de Lancelot, Lionel et Hector des Mares, mais quand la guerre s’éternise, il décide d’affronter lui-même Lancelot. Malheureusement, il en sort gravement blessé, succombant à ses blessures peu après.
V. Ses amours
Gauvain est renommé pour son courage à secourir les femmes en détresse. On le voit libérer une demoiselle enlevée lors d’un banquet à la cour d’Arthur en affrontant Escanor de la Montagne. Il sauve également une jeune fille emprisonnée par un diable dans un cimetière nommé l’âtre périlleux, combat le chevalier Bréhauz qui avait torturé une demoiselle dans une source froide, et libère l’amie de Cadrès d’un mariage forcé.
Il tombe amoureux de Luned, suivante de la Fée Laudine, connue pour son savoir et son indépendance troublante. Luned séduit Gauvain par sa valeur et sa beauté, et ils s’unissent, symbolisant la fusion entre le « Soleil de la chevalerie » et l’astre de la nuit.
Dans le « Conte du Graal », la sœur du roi d’Escavalon répond à ses avances. Une jeune fille, surnommée la Jeune Fille aux Manches Étroites, demande à Gauvain de devenir son champion dans un tournoi contre l’ami de sa sœur aînée, Méliant de Lis, par jalousie.
Dans la « Première Continuation de Perceval », la Demoiselle du Lis tombe amoureuse de lui uniquement grâce à sa réputation et lui offre son amour lorsqu’elle le rencontre. La dame de Beloé meurt à cause de son amour pour Gauvain, et dans « La Mort le roi Artu », elle s’évanouit en apprenant la mort de Gauvain, déclarant n’avoir jamais aimé un autre homme. Son mari, jaloux, la tue alors qu’elle se penche sur la dépouille de Gauvain.
Peu de textes s’accordent sur une descendance (certains tentent bien de lui rattacher Gingalain et le chevalier Loholt, mais rien n’est moins sûr). D’autres textes prennent également le parti de le ridiculiser, notamment en le dépeignant comme superficiel et vaniteux, et le ridiculisant avec une épouse infidèle.