Dans le royaume de la mythologie celtique, une déesse brille de mille feux. Brigid « la brillante »/ « l’éminente », la déesse aux talents multiples, incarne la poésie, la guérison et la forge. Son nom résonne à travers l’histoire irlandaise, et elle reste une source d’admiration. Découvrez les mythes, les légendes et l’héritage de cette déesse celtique.
I. Brigid : Une Présence Incontournable dans la Mythologie Celtique
Dans les récits mythologiques irlandais, Brigid tou Brigit dans certains textes) est présentée comme la fille du Dagda, s’inscrivant ainsi dans une lignée où l’Aurore est fille du Ciel diurne. Elle entretient des liens familiaux étroits avec des figures divines telles que Lug, Dagda, Ogme, Nuada, Diancecht et Mac Oc, les dieux des Tuatha Dé Danann, et est même qualifiée de « mère des dieux », rappelant l’Aurore védique. Parmi ses descendants figure Ruadán, surnommé le « (Petit-)rouge », en référence au jeune soleil.
À la naissance de Brigid, au lever du soleil, une colonne de feu aurait jailli au-dessus de sa tête, donnant l’impression que sa maison natale était en proie aux flammes. Ce lien avec le feu se retrouve également dans d’autres coutumes. Chaque soir, la maîtresse de maison recouvrait le foyer de cendres en invoquant la protection de Brigid. Elle veillait aussi bien sur le feu sacré de la tribu que sur celui du foyer domestique.
Avec Turenn, elle donne naissance à la « triade divine » des trois frères Brian-Iucharba-Iuchar/Uar.
Brigid est associée à la célébration d’Imbolc, marquant la purification du 1er février, une fête destinée à protéger les troupeaux et à favoriser la fertilité.
Reconnue comme une déesse aux attributs multiples, Brigid règne sur les arts, la guerre, la magie et la médecine. Elle est la patronne des druides, des bardes (poètes), des vates (pratiquants de la divination et de la médecine) et des forgerons. Son caractère triple se manifeste à travers ses deux sœurs également nommées Brigit/Brigid : l’une étant forgeronne et l’autre poétesse, tandis qu’elle-même incarne le rôle de guérisseuse. Ces activités sont toutes associées au principe d’inspiration, la poésie étant perçue comme le « feu » de l’illumination.
Son rôle dans des récits épiques tels que le « Cath Maighe Tuireadh : la bataille de Mag Tured » est notable. Dans cette saga, elle innove en introduisant le keening, une forme de lamentation mêlant musique, éloges et généalogie chantée des défunts, une pratique perpétuée dans certains cercles modernes. Brigid utilise cette forme de lamentation sur le corps de son fils, Ruadan. Elle serait également à l’origine de la création d’une « flûte magique », permettant de voyager où l’on veut en une nuit, tandis que son rire est décrit comme capable d’ébranler l’univers.
Une théorie suggère que Brigit aurait été christianisée sous le nom de sainte Brigitte, ce qui pourrait fournir des pistes intéressantes en étudiant les hagiographies de cette sainte pour mieux comprendre la figure divine pré-chrétienne.
II. Ses avatars
Dans les récits mythologiques de l’Irlande celtique, Brigid est honorée sous divers noms tels que Brigit, Dana, Ana ou Anu, chacun représentant une facette particulière de son essence. Les poètes la célèbrent en tant que Brigitt la Poétesse, les médecins la reconnaissent comme Bright la Guérisseuse, tandis que les forgerons l’appellent la Vachère, en lien avec son association au bétail, unifiant ainsi les trois fonctions « duméziliennes ». Son époux est Brès et elle engendre Ruadán.
En tant que Boand, elle donne naissance au dieu de la Jeunesse, Mac Oc ou Oengus, fruit de son adultère avec le Dagda. Seln la légende, elle se purifie à la source magique de la Segais après son péché. Toutefois, l’eau de cette source est si pure qu’elle brûle comme le feu, et Boand en subit les conséquences en se mutilant lorsqu’elle défie les lois de son propriétaire, Nechtan, en contournant la source dans le sens contraire du soleil. Cette action conduit à la création de la Boyne.
Sous le nom d’Étain, elle est mariée à Midir, mais est transformée en différentes formes par la jalousie de sa première femme, Fuamnach. Cette transformation tumultueuse la conduit finalement à devenir la reine d’Irlande et l’épouse du roi Eochaid. Midir la ramènera dans l’Autre Monde plus tard.
En tant qu’Eithne, elle incarne la souveraineté de l’Irlande en tant qu’épouse de Lug. Sous le nom de Morrigan, elle devient la déesse de la Guerre et une épouse satirique du Dagda.
Sous différents autres noms tels que Korrigan et Macha, elle assume des rôles variés, de déesse guerrière à personnification de la souveraineté, tout en étant associée à des aspects spécifiques de la mythologie celtique, tels que la faiblesse des Ulates.
III. Son culte
D’origine irlandaise, Brigid est une figure répandue dans les traditions celtiques, trouvant sa place non seulement en Irlande, mais également en Écosse, au Pays de Galles et dans d’autres régions d’Europe occidentale. Elle symbolise le changement et personnifie la Flamme éternelle, apportant avec elle le renouveau et le printemps. Vénérée en tant que gardienne du « Puits sacré », associée à l’eau, elle incarne la force créatrice, fusionnant les énergies de l’onde guérisseuse et de la flamme inspiratrice. Des similitudes peuvent être observées avec le culte de la Flamme éternelle de Vesta chez les Romains, notamment à travers le rituel de purification de « Februala » célébré en février. Le feu purificateur de Brigid transcende de nombreuses civilisations, et c’est pendant ce mois que ses bienfaits se font le plus ressentir.
Sa triple essence en tant que vierge, mère et vieille femme la rend chère aux wiccans, qui la reconnaissent comme une manifestation de la Déesse Mère.
À Kildare, un sanctuaire lui était dédié où brûlait perpétuellement sa Flamme éternelle. Telles les vestales, les prêtresses de Brigid veillaient sur ce brasier sacré jour et nuit, seules habilitées à s’en approcher. Un puits, symbole des deux éléments primordiaux de Brigid, se trouvait également en ces lieux, tandis qu’un autre était situé à Liscannor, dans le comté de Clare. La présence de Brigid était si forte dans cette région qu’elle était surnommée « La Cité de Brigid ».
Dotée du pouvoir de métamorphose, Brigid pouvait se transformer en serpent selon les légendes, reflétant ainsi sa capacité à changer de forme et de nom au gré des cultes.
Dans le christianisme, elle est honorée en tant que Sainte Brigitte, associée à l’aide apportée à la Vierge Marie lors de l’accouchement et à la guérison des lépreux. Sa popularité était telle que même avec l’avènement de la nouvelle religion, son culte demeura, inscrivant ainsi son nom dans l’histoire chrétienne.